Lutte contre les VSS : une urgence sociale !

Par Mathilde Blanchard


160 000 enfants sont victimes chaque année de violences sexuelles, au total une personne sur 10 a subi des violences sexuelles dans son enfance, et 83% de ces victimes sont des femmes. Majoritairement répétées, ces violences débutent en moyenne vers 8 ans. Dans l’immense majorité, l’agresseur est un homme de la famille. C’est l’édifiant constat du rapport de la commission indépendante sur l’inceste. Un rapport qui précise également les mécanismes en place : isolement de la victime, dévalorisation, inversion de la culpabilité, instauration d’un climat de peur, pression au silence… Des processus de domination similaires aux violences sexistes et sexuelles faites aux femmes, qui prouvent combien c’est un problème de système patriarcal. « Le viol est davantage une question de pouvoir que de sexe. Si on ne prend pas en compte cette composante le phénomène dans son ensemble nous échappe. » témoigne Neige Sinno dans Triste tigre

Ces violences s’inscrivent dans un continuum de violences où les représentations, stéréotypes, blagues sexistes et harcèlement de rue constituent des injonctions de soumissions. La culture du viol se traduit par ailleurs dans des contenus pornographiques où 90% présentent des actes de violences sexistes et sexuelles exercées sur les femmes contraires à la dignité humaine et la loi, et banalisent la pédocriminalité, selon le Haut Conseil à l’Égalité. Cet ancrage dans la société se traduit par un tiers des hommes de 18-24 ans qui pensent qu’une femme peut prendre plaisir à être humiliée et injuriée.

Ces violences sexistes et sexuelles commencent dans une société imprégnée des inégalités de genre qui autorisent les autres. C’est entre autres le cas des inégalités professionnelles. Rémunérations, perspectives de carrière et pensions de retraite inférieures, conditions de travail dégradées et invisibilisées, sous-emplois, instabilité des contrats… toutes ces discriminations au travail impactent principalement les femmes, y compris dans la fonction publique.  En raison de cette grande exposition à la précarité, les femmes ont un risque plus élevé de basculer dans la pauvreté.

C’est également le cas avec une langue qui confond le neutre avec le masculin, retirant les femmes de la pensée, laissant ainsi la place aux hommes. Les dernières attaques de l’extrême-droite contre l’écriture inclusive, soutenues par le Président, et l’incapacité à considérer le point médian comme une abréviation permettant l’égalité signent le retour d’une masculinité revendiquée. Avec la caricature de l’éducation à la sexualité et la vie affective, dans un retour à l’ordre moral, ces offensives montrent combien l’extrême droite garde une conception essentialiste avec une mythique complémentarité des sexes justifiant le patriarcat. Combien elle se situe toujours du côté des dominants. Il importe donc de combattre son imposture féministe en décryptant des programmes qui mettent en avant une politique de natalité prônée comme un rempart à l’immigration. Quand les violences faites aux femmes y sont dénoncées c’est sous un angle ethnico-religieux considérant le sexisme comme une survivance archaïque de l’islam. Leur pseudo-féminisme est bien un prétexte au racisme et à l’islamophobie.

Dans un contexte où le virilisme s’exacerbe et où les violences contre les femmes ne diminuent pas, les discours d’intention sur l’égalité femmes-hommes ne peuvent suffire. C’est pourquoi les mobilisations du 25 novembre constituent un cadre incontournable à investir massivement, le plus unitairement possible, et ce malgré les difficultés rencontrées à leur construction.

Et il est important que la FSU en soit, visiblement. Cette journée d’action est un moyen de réveiller l’atonie politique, d’exiger une loi-cadre et des moyens, et de poser cette lutte comme une urgence sociale.