Casse de la formation des enseignant·es : pour une réponse fédérale et offensive !

Par Marie Haye


Une nouvelle réforme des concours et de la formation initiale des enseignantes et enseignants est annoncée. Elle est censée résoudre les problèmes d’attractivité, un défi dans un contexte de crise aigüe du recrutement et alors qu’il faudra compenser plus de 300 000 départs à la retraite à l’horizon 2030. Évidemment, le ministère préfère faire l’impasse sur les conditions de travail et les salaires. Mais, démocratiser l’accès au métier et améliorer les conditions d’entrée, c’est aussi un levier pour recruter plus.

Le « scénario privilégié » par le MEN comporte un concours en fin de licence, suivi d’une formation rémunérée de deux ans en Inspé. Il comporte aussi de nombreuses zones d’ombre. Par exemple : les deux ans de formation permettront-ils d’obtenir un diplôme de master ? Comment se déroulera la préparation des concours ? Les stagiaires seront-ils et elles rémunéré·es à temps plein ? 

Ce qui est très clair en revanche, c’est la volonté de l’employeur d’accroitre le contrôle de la formation, des formatrices et formateurs et des enseignantes et enseignants nouvellement recruté·es. C’est une transformation du métier qui se dessine, pour en faire un levier de l’école du tri social voulue par la macronie. 

Quand la menace porte sur les contenus de formation, sur les concours eux-mêmes, et sur le système scolaire dans son ensemble, y compris l’enseignement supérieur, craindre un déclassement social n’est pas à la hauteur des enjeux. Les syndicats nationaux de la fédération ne peuvent pas se permettre d’intervenir en ordre dispersé : cela affaiblirait la FSU en même temps que chacun de ses syndicats. 

Le corpus de mandats fédéraux, qui est le fruit d’une synthèse démocratique, construite congrès après congrès, est conséquent, solide et opérant. Il réclame :

– une formation dans le cadre universitaire, préservée du formatage de l’employeur ; 

– un niveau master à la sortie ; 

– une prise de responsabilité très progressive ; 

– et enfin, le non-décrochage du niveau de qualification entre les différents degrés et filières d’enseignement. 

Ce dernier mandat, fédéral par excellence, est crucial : une architecture de formation différente entre premier et second degrés ne comporte aucune garantie quant aux contenus de formation et au niveau de qualification, mais de nombreux risques, pour nos métiers comme pour la FSU, qui en seraient très fortement déstabilisés.

Face à une réforme de cette nature et de cette ampleur, s’appuyer sur ces mandats, les faire connaitre, ensemble, est une nécessité pour porter et défendre les revendications de la FSU !