Nous sommes fort·es, fier·es, féministes, radical·es et en colère !

#GrèveFéministe #8Mars


Presque 40 ans après la loi Veil, la date du lundi 4 mars 2024 restera gravée à jamais dans notre histoire faisant de la France le seul pays au monde ayant inscrit l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans sa constitution. Si ce n’est pas l’inscription du droit telle que nous l’aurions souhaitée, mais cette “liberté garantie” est un pas significatif de franchi. Cette victoire est le fruit d’un combat de longue haleine mené depuis longtemps par les féministes pour que l’IVG soit un droit garanti et effectif partout, pour toutes femmes. C’est une victoire idéologique puisque même des député·es et sénateurices, initialement hostiles, ont été contraint·es d’aller dans le sens voulu par la société. Iels ont répondu ainsi  aux attentes des presque 9 français sur 10 favorables à l’inscription de l’IVG dans la constitution (sondage IFOP de novembre 2022). Les agitations des anti-avortement n’auront pas suffi à infléchir le cours de l’histoire. 

Et cela quelques jours seulement après que CNews ait dû présenter ses excuses après avoir diffusé une infographie présentant l’avortement comme la première cause de mortalité dans le monde avant le cancer et le tabac. Raison supplémentaire pour cette chaîne d’être dans le viseur de l’ARCOM après que le Conseil d’État l’ait enjointe à contrôler le respect du pluralisme sur son antenne.

Ne boudons donc pas notre plaisir quand nous obtenons des avancées aussi significatives que celles-ci et qui nous donnent encore plus d’allant pour mener les autres combats et manifester notre solidarité internationale avec toutes les femmes victimes de régimes autoritaires et des guerres.

En ce jour de grève féministe, cette victoire, comme la mise en visibilité des violences sexistes et sexuelles dans le cinéma français, donnent encore plus de résonance à notre lutte pour les droits des femmes tout comme l’élargissement du périmètre d’appel intersyndical à la grève et la multiplication des initiatives prévues sur l’ensemble du territoire. Si nous ne sommes pas encore arrivées au niveau de mobilisations des femmes suisses et espagnoles, la construction de la grève féministe progresse un peu plus chaque année.

La grève féministe est d’autant plus nécessaire qu’il existe dans notre société un hiatus entre la prise de conscience de plus en plus importante du fléau des inégalités entre les femmes et les hommes et la persistance du sexisme, qui est au fondement de celles-ci. Investir fortement les initiatives du 8 mars mais surtout inscrire les questions féministes de façon permanente à notre agenda syndical est une nécessité. La lutte contre les inégalités, c’est toute l’année, en menant le travail de conviction dans nos différents champs professionnels mais aussi à destination de l’opinion publique.

Notre tâche syndicale est de donner à voir les mécanismes qui sous-tendent ces inégalités, les rapports de domination croisés qui les engendrent et de construire dans le cadre unitaire le plus large possible les luttes pour les combattre et obtenir les moyens de les éradiquer.

De ce point de vue la dynamique ayant permis l’inscription de l’IVG dans la constitution est un bel exemple de conjonction entre différents mouvements (associations, OS, politiques, société civile) ayant permis de gagner la bataille des idées et de contraindre les réactionnaires à reculer. Elle doit nous inspirer pour la suite. Alors que les sondages d’opinion montrent que l’extrême-droite enregistrerait des scores significatifs aux élections européennes, organiser des luttes qui redonnent espoir et confiance dans notre capacité collective de gagner et qui débouchent enfin sur des victoires est indispensable.

Après le 8 mars, il nous faudra réussir la journée de mobilisation et de grève du 19 mars et créer les conditions de sa reconduction. Car nous le savons, dans un contexte de disette budgétaire pour les services publics déjà plus qu’à l’os, de rouleau compresseur idéologique comme avec le choc des savoirs dans l’Éducation mouvements progressistes pourra infléchir la politique anti-sociale de ce gouvernement, fournissant ainsi le terreau sur lequel prospère l’extrême-droite.

Alors le 8 mars, le 19 mars et les jours suivants, soyons fort·es, fier·es, féministes, radical·es et en colère !