L’inscription de l’IVG dans la constitution, fruit d’une longue lutte menée par les féministes pour le droit à l’avortement, est une victoire idéologique majeure dont il faut se réjouir. Majeure comme signe donnée aux femmes qui luttent dans le monde pour y avoir accès : 40% en sont encore privées et environ 47000 femmes meurent chaque année d’un avortement clandestin. Majeure parce qu’elle constitue un rempart contre des dirigeant·es de droite et d’extrême-droite ne cessant d’attaquer ce droit jusqu’à criminaliser celles qui avortent. Majeure car elle conforte ce droit acquis depuis seulement 50 ans et montre un changement de société qui peut ouvrir la voie à d’autres avancées.
Néanmoins, nous ne sommes pas dupes de la récupération politique orchestrée par Macron. Et cela ne masque pas les obstacles qui existent toujours quant à l’accès effectif à l’avortement : l’obligation pour une femme sur quatre de changer de département pour avorter, la possibilité pour les sage-femmes de le pratiquer entravée, la clause de conscience invoquée par des médecins, l’approvisionnement en pilule abortive compliqué…
Le combat pour le droit disposer de son corps est permanent et de fortes pressions réactionnaires s’exercent pour réassigner les femmes à leur fonction reproductive : activisme des anti-IVG, réarmement démographique invoqué par le président, discours nataliste de l’extrême-droite, développement du cybermasculinisme. Chaque avancée en matière de droits des femmes s’accompagne d’un retour de bâton et nécessite une constance dans la lutte contre le patriarcat.
Ces dernières années, la mise en visibilité des questions féministes a engendré une prise de conscience et une participation de plus en plus importante aux mobilisations féministes comme en témoigne le 8 mars dernier avec plus de 160 initiatives sur tout le territoire auxquelles des centaines de milliers de manifestant·es ont participé·es. Si la grève féministe n’est pas encore massivement investie elle s’installe progressivement mais sûrement dans le paysage et nos militant·es en section s’investissent de plus en plus dans sa construction.
Mais de nombreuses batailles restent devant nous et nécessitent une inscription des luttes dans la durée. La réflexion sur la construction de la grève féministe comme moyen de parvenir à l’égalité réelle doit se poursuivre pour réussir les 8 mars futurs. Cela ne pourra se faire qu’en continuant de publier des articles réguliers, de garder de façon constante la préoccupation de l’égalité salariale, en formant les militant·es, en outillant nos collègues pour les amener à se questionner sur leurs pratiques pédagogiques et à mettre en œuvre l’EAS, en employant le langage égalitaire dont le point médian, dans toutes nos communications…Continuer inlassablement à porter toutes les problématiques avec ténacité et avec les différentes composantes du mouvement social.
Le féminisme est une exigence radicale d’égalité qui questionne tous les rapports de dominations, toutes les discriminations et qui lutte contre toutes les formes d’oppression. Tout comme le féminisme ne peut qu’être anticapitaliste, la lutte des classes ne peut qu’être féministe.
Pour mener les combats contre tous les systèmes d’exploitation, tenir les deux bouts de la radicalité et de la massification sont les voies à suivre pour les dominé·es.
” La lutte est sans fin. Mais pourquoi pas, c’est bien la lutte” Annie Ernaux