Les services publics, grands absents de la planification écologique

  • Intervention de l’école émancipée au CDFN de septembre, par Claire Bornais –

Le rapport du secrétariat général à la planification écologique est intéressant, il permet notamment d’identifier les enjeux, de donner des cibles et objectifs aux politiques publiques. Mais il est risqué d’organiser la planification écologique sur la seule cible de 2050 et l’objectif de neutralité carbone à cet horizon est risqué. En effet, les gaz à effet de serre émis avant cette date ne disparaîtront pas, et plus le stock augmente plus les températures aussi. Et leur cortège de catastrophe avec. Il n’y a donc pas matière à faire une pause comme le proposent E. Macron et les gouvernements conservateurs au niveau européen. Si pause il doit y avoir, c’est dans l’appui aux énergies fossiles, aux profits indécents. Il s’agit d’engager une redistribution radicale des richesses en faveur de la majorité de la population et d’investissements pour la rupture écologique.

Mais Macron poursuit sa politique au service des puissants: non à la redistribution des richesses, pas de régulation ou si peu, et prime aux incitations et à l’action individuelle. Son incapacité à penser un monde plus sobre tient par exemple dans sa déclaration d’amour pour la bagnole. Preuve – s’il était besoin – qu’il n’a rien compris aux enjeux et à la nécessité de penser autrement nos déplacements pour articuler développement massif des transports collectifs et alternative individuelle lorsqu’il n’y a pas d’autres solutions via des moyens de transports non carbonés (vélo, voiture électrique). Les 700 millions annoncés pour les RER urbains sont loin des besoins et le tout voiture électrique est aussi une impasse écologique.

Au-delà de la logique d’ensemble, ce qui est frappant dans ce plan, c’est l’absence d’ambition pour les services publics. Le projet de loi de finances présenté mercredi va consacrer une austérité dans les dépenses publiques et le refus de l’imposition juste. C’est donc se priver de services de l’Etat et de fonctionnaires sous statut, garants de l’intérêt général et essentiels pour accompagner les ruptures écologiques. C’est s’empêcher toute redistribution de richesse à même de concilier fin du monde et fin du mois. C’est enfin se priver de moyens financiers permettant d’améliorer nos services publics, les solidarités, les conditions d’accueil, de travail tout en étant un outil d’ampleur pour créer des emplois dans certaines filières. Pensons au bâti public par exemple. Certes, annonce est faite de 500 millions de rallonge pour les rénovations des écoles, et de 2 milliards de crédits aux mairies. Ce n’est pas à ce rythme qu’on atteindra les 40 milliards nécessaires d’ici 2030, simplement pour le bâti scolaire. Or investir massivement dans la rénovation des bâtiments, c’est garantir la continuité des SP alors que les périodes caniculaires s’intensifient, améliorer les conditions de travail, faire des économies à terme sur les dépenses énergétiques et garantir des milliers d’emplois dans le bâtiment pendant plusieurs années.

Aujourd’hui, ce gouvernement se refuse à montrer l’exemple.

C’est donc à nous, mouvements syndicaux, aux côtés de mouvements écologistes, dans l’AES, mais également aux côtés de nos partenaires de la convergence pour les services publics, de développer les arguments, les campagnes pour imposer à ce gouvernement des services publics véritablement écoresponsables.