Avant l’effondrement

EDITO

  • Edito de la Revue n°103 (septembre-octobre 2023) – Par Véronique Ponvert ■

La morgue du pouvoir s’est encore illustrée cet été : après avoir traité avec mépris les millions de manifestant·es mobilisé·es contre sa réforme des retraites, c’est avec violence qu’il a tenté de faire taire les colères populaires qui ont suivi.
Colère contre des projets écocides comme les mégabassines. Réponse du gouvernement : répression. Et tentative de dissolution des Soulèvements de la Terre.
Colère contre la violence policière, émeutes pour s’indigner de la mort intolérable de Nahel : répression encore, policière et judiciaire : tentative d’écrasement de la jeunesse. Et complaisance envers une police qui tue de sang-froid: aucun mot de Macron pour condamner les termes séditieux de la hiérarchie policière, mais un seul, qu’il répète trois fois: « l’ordre, l’ordre, l’ordre… »
Colère contre l’inflation, les bas salaires, les conditions de travail, la précarité, la pauvreté…: les étudiant·es ne peuvent ni se loger, ni se nourrir ; 9 millions de personnes sont en situation de privation matérielle et sociale, chiffre en hausse de 14 % cette année (Insee), 2000 enfants dorment à la rue (Unicef). Une colère de toute une partie de la population, une colère de classe, qui ne s’exprime pas forcément, mais qui monte. En face, l’arsenal répressif est prêt, c’est la seule réponse du gouvernement! Il lui reste aussi la charité de ses « amis » : Bernard Arnault, numéro un mondial du luxe, a généreusement (sic) concédé aux Restos du coeur 10 millions d’euros : un don largement défiscalisé (lui qui est déjà champion en évasion fiscale), et donc un manque à gagner pour les services publics! Une charité « bien ordonnée »!
Le dérèglement climatique a de nouveau frappé cet été, canicules à répétition, incendies, inondations ont détruit des vies: l’urgence est là, avant l’effondrement, qu’on semble toucher du doigt. La jeunesse, mobilisée sur les questions climat, doit elle aussi se « tenir sage »: quand Macron parle éducation, c’est pour insister sur les « fondamentaux » : « lire, écrire, compter et savoir se comporter ». Éduquer la jeunesse, pour lui, c’est la mettre en conformité, la mettre au pas. L’ordre, encore l’ordre… Conformité : G. Attal interdit l’abaya, un acte xénophobe et sexiste, qui flatte cette partie de l’électorat de plus en plus acquise à l’extrême droite: lui ferait-il la coute échelle?
Les politiques de la Macronie confortent les thèses d’une extrême droite en embuscade. Il faut y opposer, comme le 23 septembre, un front uni de refus du racisme et pour la justice sociale. L’urgence est là, écologique, sociale et démocratique. Le mouvement social doit reprendre la main, le 13 octobre peut en être l’amorce : redonner espoir en la lutte, rassembler les populations en colère, travailler à l’union des forces progressistes de gauche dans un même projet de transformation sociale, déconstruire en permanence le discours de l’extrême droite, comme celui de la Macronie, porter nos valeurs de solidarité, imposer un modèle de société égalitaire…
La responsabilité syndicale est immense : s’atteler à la tâche est vital. ■