L’école de la Macronie : un projet réactionnaire et autoritaire à combattre sans délai!

  • intervention de Magalie Trarieux au Conseil National de la FSU-SNUIPP – septembre 2023-

« Du français, des mathématiques et de l’autorité ! » scande le petit nouveau de la rue de Grenelle. En bon élève de l’école alsacienne Gabriel Attal déballe avec fierté et empressement ses trouvailles de l’été.

« Trouvailles » ? Pas vraiment. Quand on pensait avoir atteint un seuil maximal de la constriction sur les dits «fondamentaux », on assiste à une frénésie lancinante: plus de lecture en CP, en CE1, en CM1, en CM2, … plus de textes écrits, de grammaire, d’orthographe, de calcul mental, d’évaluations standardisées … et entre deux lignes ingurgitées, un petit saut à la corde pour s’aérer l’esprit, redynamiser le corps et “redompter les élèves dissipé·es”, merci les APQ !

Pour entasser, empiler, bourrer tous ces savoirs dans les têtes de nos élèves sans encombre, le ministre ressuscite “l’instruction morale et civique”, érige le “savoir se comporter” et prône la restauration de l’autorité inconditionnelle des maîtres.ses.

L’asservissement des élèves se conjugue avec la vision du travail enseignant éloignée des missions de Service public d’éducation.

Le SNU et l’expérimentation de l’uniforme censés mieux réduire les inégalités scolaires et qu’un plan d’investissement massif, ajoutent encore à cette complaisance avec l’ordre et les leitmotivs de l’extrême droite, alimentées des soi disants « atteintes à la laïcité ». Après Ciotti, Alliot et Ménard, les candidatures à la mise en place de la tenue unique se multiplient, tout comme les discriminations et la violence exercées sur les adolescentes qui ne portent pas les vêtements exigés.

Dépassons la sidération de ce tourbillon idéologique rétrograde et néolibéral qui entend invisibiliser les mesures de carte scolaire, les difficultés de recrutements de professeur.es et d’AESH, la dégradation des conditions de travail et des inégalités scolaires.

Ce gouvernement, avec à sa tête celui qui fait de l’école “son domaine réservé”, atteint le comble du cynisme en évoquant la joie des élèves portant l’uniforme aux Antilles et en Guyane. La campagne nationale de l’école en “sous France” les ramènera à la réalité de l’indigne abandon auquel il soumet les personnels et les élèves des DROM.

Les stages RAN ou « vacances apprenantes » externalisent encore la difficulté scolaire, stigmatisent et nient le droit aux vacances et aux loisirs. Plutôt que de renforcer l’éducation populaire, le gouvernement cherche davantage à mettre au pas les enfants des « banlieues ». Des enfants qui pâtissent également de l’« évaluationite » et d’une vision éducative « maths et français » qui préfère les tâches applicationnistes aux savoirs émancipateurs, renforçant l’école du tri social.

Nous assistons à l’accélération de l’assujettissement par l’école de la population, en particulier celle des quartiers populaires, théâtres des révoltes urbaines contre le racisme systémique et les violences policières en juin dernier.

Dans le même temps, chaque annonce tend à nous déposséder de notre métier et à nous formater comme les instruments d’une politique ultralibérale et stigmatisante qui éloigne élèves et enseignant.es d’un esprit critique et insuffle l’intolérance.

Face à un projet éducatif autoritaire et réactionnaire, la FSU-SNUipp a les moyens et la légitimité pour organiser les résistances sur tous les fronts et valoriser son projet pour une Ecole émancipatrice qui réduise véritablement les inégalités scolaires et sociales.

Après le colloque sur les évaluations et la perspective des UDA, il nous faut poursuivre le travail de conviction au plus près des collègues. Les questions de métier doivent être maintenues comme un enjeu syndical fort. Elles sont le moyen de redonner vie à l’agir enseignant et donc de permettre à tous.tes de s’opposer. La FSU-SNUIPP doit peser au sein de la FSU pour pousser à l’unification des partenaires de l’école pour faire front commun contre la politique délétère de l’état. La tribune dans Politis est une première étape. Elle doit être suivie d’autres initiatives qui portent un projet émancipateur d’école et de société.