Combattre, ensemble, le racisme systémique

  • intervention d’Antoine Chauvel au Conseil National de la FSU-SNUIPP – septembre 2023 –

Refusant la césure artificielle entre sociétal et social, l’appel à mobilisation le 23 septembre réussit à réunir des collectifs de victimes jusqu’aux organisations syndicales et partis politiques. Pour notamment “mettre fin au racisme systémique et aux violences policières”.

Pour premier exemple de l’aspect systémique du racisme, parlons du contrôle au faciès : selon la Défenseure des Droits, il touche 20 fois plus les jeunes hommes perçus comme noirs ou arabes. C’est ce type de contrôle humiliant et systématique, effectué par une police imprégnée par des idées extrême droite, qui a mené au meurtre de Nahel.


Les révoltes qui l’ont suivi ont débouché sur des violences, dont certaines visant les Services publics , dont des écoles, vécues par ces jeunes comme une promesse républicaine trompée. Eric Marlière expliquait ainsi dans le courrier des maires et des élus locaux, “Il s’agit également de se faire entendre par des institutions qui ne vous écoutent plus et de stopper momentanément un « système » qui tourne sans vous et se passe de votre existence depuis des années”.

En cette rentrée, l’interdiction des abayas a fait à son tour une démonstration concrète de ce qu’est le racisme systémique. Car, si ce vêtement est considéré comme religieux « par intention », avec toute la subjectivité que cela implique, c’est bien en fonction de leur couleur de peau, que les jeunes filles ont été contrôlées, parfois pour des kimonos et des robes longues. Et comme les discriminations sont intersectionnelles, des contrôles plutôt à Stains qu’à Neuilly. Contrôles qui, évidemment, ne se sont pas conjugués au masculin.

Moins de 300 cas sur 12 millions d’élèves : le réel a parlé. Mais cette interdiction n’est pas qu’un écran de fumée sur les conditions de la rentrée . C’est aussi une jonction idéologique non voilée  avec la droite et l’extrême-droite.

En instrumentalisant, une fois de plus, la laïcité, cette loi prétend-elle vraiment lutter contre l’obscurantisme en excluant des jeunes filles de l’école publique ? Ou ne renforcerait-elle pas plutôt ce qui est prétendument combattu : l’extrême-droite en légitimant son discours d’un «problème musulman» et les intégrismes en nourrissant les discriminations ?

Cet exemple scolaire se décline également au niveau du travail, du logement, ou du rapport aux institutions. Il s’agit comme le définit un dictionnaire américain d’une :”Oppression systémique d’un groupe racial sur les plans sociaux, économiques et politiques.”

Ce racisme, héritage du colonialisme, structure, comme le disent nos mandats les vies de millions de personnes : il est donc systémique comme l’écrivait déjà le défenseur des droits en juin 2020.

C’est ce que disent et vivent ces personnes reléguées territorialement, socialement, victimes de discriminations racistes, islamophobes, sexistes et des violences policières. Dans les quartiers, comme dans les DROM notre campagne le montre bien.

C’est donc une question sociale à part entière dont nous devons nous emparer car ce sont nos concitoyens et concitoyennes, nos élèves, leurs familles qui le subissent. Et parce que nous portons le projet d’une école et d’une société juste et égalitaire.

Une dynamique unitaire salutaire qui montre qu’il est possible, parce que c’est urgent et indispensable, de créer des fronts de résistances larges. Et répondre pied à pied à ce projet idéologique raciste qui veut diviser notre camp social.

Pour les organisations syndicales répondre aux questions sociales en se situant du côté des discriminé·es, des opprimé·es est leur raison d’être.

Réussir les marches du 23 septembre est dès lors un objectif à côté duquel la FSU- SNUipp et la FSU ne peuvent pas passer.