Intervention de Claire Bornais
Le gouvernement vient de décréter 10 milliards d’économies sur le budget 2024 de l’État. Les plus importantes touchent notamment l’avenir : écologie, enseignement supérieur et recherche, enseignement. Et pour 2025, Bruno Lemaire annonce encore 20 milliards d’économies supplémentaires sur le budget, pour faire baisser le déficit public. Mais ce déficit n’est pas dû à un excès de dépenses, il est surtout dû à un manque délibéré de recettes. C’est tout l’objet du moment que de mettre en avant ce discours, pour obliger le gouvernement à abandonner son dogme. Il s’agit de faire enfin payer leur juste part aux très riches et aux entreprises qui versent des dividendes inouis à des actionnaires avides, dont beaucoup maîtrisent parfaitement l’art de l’évasion fiscale.
Les syndicats d’agents publics, parmi lesquels la FSU a un poids important, ont un rôle essentiel à jouer dans les campagnes d’opinion sur ce sujet.
Nous savons bien qu’il n’y a pas de services publics sans agents publics, c’est pourquoi la FSU et ses syndicats nationaux participent à défendre les services publics en défendant leurs agents.
Or, à l’exception de la récente mobilisation contre le choc des savoirs, ce raisonnement n’est pas une évidence pour les usagers, qui voient la qualité du service public baisser, mais l’imputent trop souvent à celles et ceux qui sont en première ligne pour répondre aux demandes, c’est à dire les agents publics. Nous avons donc des difficultés à associer les usagers à nos revendications, qui relèvent à leurs yeux du « corporatif ». Donc des difficultés à défendre les services publics de cette manière.
Par ailleurs, il ne peut y avoir d’agents publics sans structures de service public financées à la hauteur des besoins par des décisions politiques.
Il y a donc un intérêt commun des personnels et usagers à agir ensemble, ce qu’il nous faut faire comprendre aux usagers mais aussi à nos collègues. Cette action commune aura d’autant plus de poids que l’opinion publique sera de notre côté. Il s’agit donc de travailler fortement cette opinion publique, en développant au plus près du terrain des discours percutants.
Des sondages récents (dont celui de Libé paru le 24 mars) montrent que l’idée de faire plus payer les très riches et les multinationales est désormais largement majoritaire. Il nous faut donc continuer à creuser ce sillon, avec toutes les organisations qui portent cette idée. Par exemple, nous devons relayer fortement dans nos réseaux la campagne d’ATTAC, Superprofits, ultra-riches, méga-injustices. Plus largement, il nous faut nous associer aux initiatives qui vont dans le sens de nos mandats sur la défense des services publics et de leur financement, en France, voire en Europe.
Ce sont donc des forces militantes qu’il nous faut consacrer à cette bataille. Elle est en effet essentielle pour avoir une chance , non seulement de faire progresser la justice sociale, mais aussi de faire aboutir nos revendications concernant les postes, les salaires ou les conditions de travail. Car toutes ces revendications supposent que des moyens supplémentaires soient accordés aux services publics. Et parce que c’est aussi en renforçant les services publics qu’on combat l’extrême-droite.