Une situation d’une extrême gravité

Beaucoup de choses ont déjà été dites, mais j’insiste encore vu la gravité de la situation. En ce moment, il règne un climat délétère : entre la tribune des militaires, M. Le Pen qui fait la Une de revues hebdo qui titrent qu’elle sera au second tour (comme un fait établi), l’extrême droite qui a micro ouvert 24h/24 sur Cnews, qui tient des propos islamophobes et xénophobes en toute impunité, la chasse aux migrants orchestrée par le gouvernement : tout témoigne de la montée des idées d’extrême droite.
Or, dans ce climat, il y a eu la manifestation des policiers le 19 mai : c’est très grave ce qui s’est passé, très grave ce qui s’est dit. Les revendications des policiers, les accusations envers la justice, et surtout la remise en cause de l’indépendance de la justice, c’est-à-dire une attaque contre le fonctionnement démocratique de notre pays, tout ça est très grave. C’est très grave que le ministre de l’intérieur ait cautionné par sa présence le contenu de cette manifestation, très grave que certains partis de gauche décident aussi de surfer sur la problématiques sécuritaires et se fourvoient dans cette voie. Alors dire que cette manifestation était un hommage au policier abattu dans ses fonctions ? Non, avec Darmanin présent, avec le RN dans la manif, on savait que ce ne serait pas un hommage. Le Snuitam-FSU pouvait se douter que ce ne serait pas ça. N’oublions pas que 3/4 des policiers votent RN (pas les camarades du Snuitam). Donc, oui, je pense que la question de la participation à cette manif devait se poser : le Snuitam aurait pu en effet prendre contact avec la CGT-Police et décider d’une position commune, par exemple, car la question de la participation à la manif n’allait pas de soi.
Par ailleurs, autre échéance importante dans le paysage, c’est la manif du 12 juin, justement contre la montée des idées d’ED. On est partie prenante de la lutte contre l’ED, depuis des années, ça fait partie de notre ADN à la FSU, on est investi dans tous les cadres collectifs sur le sujet. Et ce 12 juin, partout sur le territoire, il y aura des manifs avec un appel large unitaire et un enjeu fort pour le mouvement social. Oui, on a là un pôle intersyndical, des associations, des appels politiques : presque toute la gauche appelle, d’une façon ou d’une autre, à manifester ce jour-là. Alors c’est vrai qu’on a eu des débats internes à la FSU, qu’on n’aurait peut-être pas choisi cette modalité là, au départ. Mais ces débats ont été tranchés, et maintenant, la date est bien plantée dans le paysage, elle se construit en intersyndicales locales sur la terrain. Alors aujourd’hui, l’enjeu c’est de réussir cette mobilisation. Réussir pour répondre à ce climat que j’ai décrit, pour défendre les libertés, pour porter nos réponses, sociales et écologiques, pour porter nos alternatives pour faire échec aux idées d’ED ET aux politiques mises en place par ce gouvernement, les politiques libérales, les politiques sécuritaires, liberticides, répressives qui font le lit de l’ED.
Il y a un enjeu fort à réussir le 12 : il nous faut du matériel (des tracts, des messages sur les RS, des interpellations de nos collègues, des appels aux SD…). Il faut un vrai élan, une dynamique. Il faut une réaction très forte du mouvement social, nous avons une responsabilité à construire cette réaction. Et c’est vrai qu’il fautdra mener cette bataille contre l’ED sur le temps long, prévoir des initiatives et un travail de conviction au quotidien : mais s’inscrire dans le temps long, ça commence par réussir le 12 juin, c’est indispensable poir la suite : alors il faut y mettre toutes nos forces !