Camille Taillefer
A l’EE nous portons pour le numérique des solutions libres et open source, dont les scénarios pédagogiques restent sous la maîtrise des enseignant·es, afin de soustraire à l’offensive de groupe privés la manne que les services publics représentent pour eux, un marché captif.
Au-delà de la revendication d’une nationalisation, nous pensons que la place du numérique dans nos métiers doit continuer d’être pensée afin de nous doter de mandats offensifs, qui permettent aux collègues de s’emparer de ce sujet qui change leurs métiers.
La crise sanitaire a montré la faiblesse des outils publics mais elle a aussi révélé, s’il en était besoin, combien le numérique était un facteur d’exclusion. Loin de contribuer à la réduction des inégalités d’accès aux savoirs, ou aux services, le numérique participe de leur accroissement : inégalités d’accès aux outils, exclusion de celles et ceux qui sont en zones blanches, pas ou trop peu de matériels disponibles dans les familles, coût de la connexion.
Le risque est fort d’une digitalisation toujours plus grande de l’école et la revendication d’un service public du numérique, sans doute nécessaire, doit être accompagné d’un certain nombre de garde-fou.
Car le numérique depuis qu’il est entré dans l’école, a participé de la modification de nos métiers, de l’uniformisation de nos pratiques pédagogiques, du changement de nos objectifs d’enseignement et donc, du sens même des métiers,
Pour preuve la multiplication des évaluations nationales standardisées qui transforment l’enseignement pour l’évaluation, dit “teach for test”.
Ou la calamiteuse expérience des E3C et leurs copies numérisées devant être corrigées à un rythme surveillé et contraint,
C’est donc une charge de travail accrue et sous surveillance pour les collègues, une pression sur les élèves et les familles, du stress pour tous.tes qui s’exercent de plus en plus fortement.
Ainsi par le numérique serait atteint, enfin !, la rationalisation tayloriste de nos métiers !?
Le GT numérique a permis de pointer les enjeux de la part croissante qu’il a pris dans nos métiers et de dégager de nombreuses pistes de réflexion.
Par conséquent, nous devons poursuivre la réflexion en actant dès aujourd’hui le travail fédéral à faire sur le sujet, sous forme de colloques, de stages ou d’autres modalités, afin que l’ensemble des Syndicats Nationaux et de leurs adhérent-es prennent à bras le corps ces questions devenues centrales et urgentes.