Présentation du texte action (Romain Gentner) :
Le 13 octobre dernier, l’attaque terroriste d’Arras a coûté la vie à Dominique Bernard et blessé deux de ses collègues. L’effroi et le chagrin ont fait long feu à droite et à l’extrême-droite, qui ont instrumentalisé ce nouvel événement dramatique pour aligner les amalgames « islam = terrorisme » et ainsi dérouler un discours sécuritaire et raciste. Le gouvernement n’a pas été en reste, érigeant l’école en “rempart contre l’islamisme”, confondant au passage laïcité et sécurité intérieure. Le lendemain de l’attentat, Gabriel Attal appelait les collègues à signaler les élèves qui ne respecteraient pas la minute de silence et à les « sanctionner aussi sévèrement que possible ».
Attal développe un discours martial mais simpliste : on peut se demander quelle sera l’efficacité des mesures qu’il préconise quand les dispositifs de sécurisation, de fichage et de dé-radicalisation du ministère de l’Intérieur sont impuissants. Ces mesures comportent en outre de nombreux risques de stigmatisation, des élèves musulman·nes ou perçu·es comme tel·les en premier lieu. Dans le même temps, L’Etat fait preuve d’une grande bienveillance vis-à-vis des “parents vigilants”, qui tenaient un colloque au Sénat le 4 novembre avec M. Maréchal-Le Pen et E. Zemmour en têtes d’affiche.
Dans la même veine, la tribune d’appel des président·es des deux chambres à la manifestation parisienne du 12 novembre contre l’antisémitisme, en ne mentionnant pas la lutte contre tous les racismes, et en pointant l’islamisme comme seule source de l’antisémitisme, a ouvert la voie à une participation de l’extrême-droite, pourtant fondamentalement antisémite. C’est un évènement lourd de sens : le barrage républicain face à un parti héritier direct du pétainisme a été dynamité, symboliquement et pratiquement. Mais c’est la tactique de la macronie pour se maintenir au pouvoir depuis 2022 : Macron ne pouvant plus aller chercher d’appui à gauche, il cible très à droite l’électorat des Républicains et du Rassemblement National, en menant une politique néolibérale aux relents racistes, autoritaires et réactionnaires.
Ainsi, les discours hypocrites et martiaux de tous·tes celleux qui s’ingénient à taper quotidiennement sur les “profs” et à détruire l’école publique ne trompent personne. Le soutien opportuniste du ministre ne passe pas, quand la macronie n’a de cesse de s’attaquer à nos métiers et à l’école. A l’agenda de notre ministre communiquant, opposons un projet alternatif et émancipateur et le rythme de notre propre plan d’action.
Dans le cadre de la campagne fédérale « Nous faisons l’Ecole, faisons-nous entendre ! », accentuons notre travail d’argumentation sur les salaires, le pacte, la précarité, les effectifs, les groupes de niveaux, le SNU, le bac et Parcoursup et plus généralement sur tout le renforcement du tri social qu’implique l’école du futur de Macron. Cela commence par faire connaître la grève contre la réforme du lycée professionnel du 12 décembre ainsi que la mobilisation d’ampleur en janvier pour la défense de l’école publique à construire avec la FSU, l’intersyndicale éducation, les syndicats lycéens et les associations de parents d’élèves, et plus largement à tous·tes les acteur·rices de l’Éducation.
Faire connaître nos combats, c’est également exiger un cessez le feu au Proche Orient, défendre les droits des Palestinien·nes et les libertés fondamentales, lutter contre tous les racismes et l’antisémitisme.
En effet, le conflit israélo-palestinien connaît une nouvelle phase qui intervient dans un contexte d’annexions et de violence coloniale israéliennes accrues à l’égard des Palestinien·nes des territoires occupés, où le nombre de prisonnier·ères politiques n’a jamais été si élevé. Cette violence fait écho aux discriminations systémiques subies par les Palestinien·nes en Israël, qui sont qualifiées d’apartheid par de nombreuses ONG.
L’épisode actuel est meurtrier : en Israël, les actes de terreur commis par le Hamas le 7 octobre ont fait 1 200 victimes dont de nombreux·ses enfants, et plusieurs centaines d’otages. A Gaza, bombardée pendant plus de 40 jours, on dénombre 15 000 mort·es au 25 novembre, essentiellement des civil·es dont 6500 enfants, près de 36 000 blessé·es, plus de 1,3 millions de personnes déplacées… 2,2 millions de Palestinien·nes sont soumis·es à un siège total et sous la menace directe de la famine et des épidémies. Les agences de l’ONU évoquent des crimes contre l’humanité et un risque génocidaire. Le désastre humanitaire en cours fait craindre une nouvelle Nakba, expulsion de masse des Palestinien·nes, redoutée aussi par les pays voisins, ce qui renforce le risque d’explosion régionale.
La trêve de 6 jours qui se termine à Gaza est la bienvenue, mais il faut continuer à se battre pour obtenir un cessez-le-feu total et permanent et construire une paix juste respectueuse du droit international et des droits des populations palestiniennes et israéliennes.
Romain Gentner, BN