Religitimer l’outil syndical

Plus de deux mois que le mobilisation ne faiblit pas et que les organisations syndicales reprennent des couleurs.


Des éléments objectivables sont à mettre à leur crédit. Un rythme qui a permis une montée en puissance de la mobilisation, aidée par les secteurs en reconductible, avec un choix de dates variées permettant à la fois la grève massive, le lien avec la population et la place aux initiatives locales.

Une diversité d’actions enfin qui, accompagnant le déni démocratique gouvernemental et le mépris présidentiel, a légitimé le recours aux blocages qui ont eu lieu partout en France.


Cette séquence de mobilisation inédite a pour effet de relégitimer de l’outil syndical. Cette légitimité mise à mal et accélérée par le précédent quinquennat qui a dépouillé le syndicalisme d’une partie de son rôle dans la défense individuelle des droits des salarié·es, et qui se récrée en ce moment dans la défense collective des grands droits sociaux.

Ce constat oblige.

Du point de vue pratique, la FSU-SNUipp devrait sortir de ce CN avec un plan de syndicalisation offensif, porté par les sections départementales soutenues par le national.

Du point de vue de l’orientation, il faut analyser cette relégitimation, en tirer les conséquences avec ambition.

Cette mobilisation dit que c’est d’un syndicalisme qui fait converger les colères et qui permette qu’elles s’expriment dont la profession a besoin. Nos collègues ne nous reprochent pas un positionnement trop « radical » : elles et ils attendent du syndicat majoritaire un positionnement qui soit offensif, réactif, et fasse écho à leurs ressentis. C’est ce que montrent les taux de grève des journées phare comme les sondages de soutien à la grève, y compris reconductible.

Ce positionnement nous le partageons avec une partie de l’intersyndicale, les mêmes qui, dans les intersyndicales départementales, avec parfois des frictions, font progresser le rapport de force. Cette aspiration à un syndicalisme uni mais offensif doit être entendue.

Enfin, il est notable que le phénomène des Rosies et le féminisme, les questionnements de la jeunesse autour de son avenir, dont l’écologie, la question du maintien de l’ordre, sont devenus des éléments indissociables de la lutte sociale. La FSU-SNUipp a eu raison de mettre en place l’usage de l’écriture inclusive, de parler de violences policières, de co-construire l’alliance écologique et sociale. Toutes ces dimensions sociétales font désormais partie du syndicalisme.

Au moment où le monde du travail retrouve confiance dans sa capacité à changer la vie et la société, nous devons nous réinventer, avec d’autres, pour réaffirmer le syndicat comme acteur central et incontournable du mouvement social. Il nous faut plus que jamais continuer à oser le construire. Ce syndicalisme fort, uni, revendicatif, horizontal, ouvert aux questions sociales répond aux aspirations qui s’expriment actuellement : à nous de transformer l’essai.