Elle est chez qui la violence ?

Depuis deux semaines, « les violences des manifs » tournent en mots et en images sur les écrans. 

Les premières violences sont celles que le capitalisme inflige à la société. Violences physiques des féminicides, sur les corps des travailleurs·ses cassés par des conditions de travail qui se dégradent et une durée qui s’allonge, sonnant comme une condamnation à mort pour certain.es. Mais aussi psychologiques comme la honte de ne plus pouvoir satisfaire des besoins essentiels : manger, se loger, se soigner…

Et rien n’est dit de la violence symbolique du déni démocratique, pas plus que de la violence sociale contenue dans la réforme des retraites, les précédentes (assurance chômage…) et futures (immigration, RSA) ou celles qui ne se font pas (repas étudiant à 1€, lutte contre les violences faites aux femmes…).

Avec l’usage du 49-3, le déni démocratique est tel qu’il engendre une colère croissante qui se heurte à un Président tout puissant, usant de la violence verbale quand il qualifie les opposant.es de factieux·ses.

Sans pousser le débat sur la légitimité des réactions de colère qui s’expriment parfois hors de la légalité, pouvons-nous mettre à égalité incidents en manifestation et violences policières ?

Face aux dangers que constitueraient des feux de poubelles, ou des jets de cailloux, le gouvernement justifie une répression disproportionnée et d’une extrême violence. Il inverse ainsi la culpabilité et cherche à faire porter le poids de la responsabilité de la violence, au mouvement social qui serait “débordant” et “radical”. Il tente de masquer l’organisation par l’Etat d’une coercition par des violences policières. Ce tournant autoritaire et sécuritaire intervient au moment où la jeunesse est plus fortement engagée, jeunesse que le gouvernement veut mettre au pas en tentant de lui imposer le SNU, que la mobilisation à contribuer à faire reculer.

Face à la crise politique, la répression s’est accélérée et s’exerce indistinctement : arrestations et gardes à vue arbitraires, gazages, insultes et agressions sexuelles et racistes, usage de LBD, de grenades de désencerclement, causant des mutilations ou laissant des manifestant.es entre la vie et la mort.

La répression acharnée contre les opposant·es aux mégabassines à Ste Soline en est une terrible illustration. Le premier retour de l’inter-observatoires dénonce des faits d’une extrême gravité : entraves aux premiers secours, usage “immodéré et indiscriminé de la force, quel qu’en soit le coût humain” pointé aussi par le Conseil de l’Europe et l’ONU.

Ces violences visent à discréditer le mouvement, décourager les oppositions, museler la liberté d’expression mais aussi à créer un sentiment d’insécurité : face au “chaos” le pouvoir pourra rétablir « l’ordre républicain ». En se posant comme rempart à un prétendu désordre social, le Président détourne l’attention du sujet social pour le déplacer vers le sécuritaire et joue ainsi le jeu dangereux de l’extrême droite. 

Face à cette instrumentalisation et ces violences d’Etat inacceptables, la FSU-SNUipp et la FSU doivent continuer à dénoncer fermement cette stratégie de la répression et ses conséquences politiques et humaines, en lien avec la LDH et d’autres organisations, et à investir les initiatives qui permettent de les exprimer. La légitimité du peuple ne saurait être réprimée violemment en toute impunité.