Si nous tirons, il va tomber

Lucie Lefèvre (CAN)

Ce que nous vivons actuellement, d’autres l’ont vécu avant nous : Laposte, France telecom, EDF. 

Appliquer des logiques productivistes quitte à créer une crise de sensde la  tristesse, de la colère de voir son métier perverti et les usager.es perdu.es., quitte à rendre complice de maltaitance le ou la travailleur·euse. C’est ce qui arrive à l’hôpital, c’est ce qui arrive à l’école.

Nous subissons la division du travail et la perte de cohérence de nos missions par la mise à disposition de fiches clefs en main, d’évaluations standardisées et de “manuels labellisés”. Les exécutants exécutent dans leurs classes.

Nous subissons la déqualification de nos métiers. Et en ce sens, le concours à master échu, la classe exceptionnelle ou même l’agrégation pour tous et toutes n’arrangeront en rien et dans l’immédiat cette dérive : TZR numériques, étudiants comme moyens d’enseignement, contractualisation, baisse des salaires (enfin … fausse augmentation sur un escalier qui descend), autant de symptômes de la précarisation de nos métiers.

Nous subissons la logiques des plans sociaux, avec la rupture conventionnelle en pleine crise de vocation savamment pilotée, 

les non-titulaires amovibles, 

le Turn over infernal dans les “vie scolaire”, 

le déplacement forcé des AESH etc.

Nous subissons des chefs biberonés au managementqui imposent leurs injonctions paradoxales, divisent des collectifs de travail et de lutte, appliquent de manière autoritaire les contre-réforme et restreignent notre liberté pédagogique.

Enfin, nous subissons la loi du plus fort que cette logique néolibérale instaure avec ses deux faces : l’autoritarisme de la logique productiviste d’un côté, le soi-disant libéralisme qui érige une supposée nature gouverantnos rapports humains, ce qui mène à soutenir celui qui a le pouvoir et qui agresse contre celle qui n’a aucun pouvoir.

Il faut mettre en regard de tout cela un enjeu bien précis à venir : le renouvellement de 300 000 enseignant-es sur 866 000 d’ici à 2030. C’est demain. Cela annonce les futurs CHOCS que nous allons subir. Cette réalité est bien comprise par le gouvernement et face auquel nous devons nous armer pour ne pas voir notre statut et la conception que nous nous faisons de nos métiers passer sous le rouleau compresseur des contre-réformes.

De vieilles recettes nous contraignent toujours plus dans nos quotidiens et vont être aggravées par la loi Guerini.

Nous sommes donc bien à un point de bascule ! Mais c’est à nous de décider de quel côté ça va tomber.