intervention d’Arnaud Malaisé secrétaire général au titre de l’école émancipée
Notre syndicalisme est à la croisée des chemins. Cette expression peut paraître convenue mais elle n’en reste pas moins particulièrement juste. Nous sommes dans un contexte où, à la fois, le néolibéralisme menace d’étouffer le monde, les formes d’organisations traditionnelles sont interrogées et les aspirations à une rupture grandissent.
Ce contexte accroît encore la nécessité pour notre syndicalisme d’empoigner fermement sa « double besogne » : assurer la défense quotidienne des salarié·es tout en s’engageant dans la construction d’un autre monde. Une première besogne permettant l’émancipation des salarié·es et une seconde s’appuyant sur la première pour aller encore plus loin dans l’émancipation afin de changer de société.
Dans cette perspective, comment se renforcer et se réinventer ?
Tout d’abord en s’appuyant sur nos points forts.
Notre expertise militante sur le suivi des personnels et sur les questions de métier. Bien évidemment poursuivre ce travail mais également faire de la reconstruction et du renforcement des professionnalités un axe central d’interventions de terrain au quotidien.
La fédération. Renforcer notre implication dans le travail fédéral et faire en sorte qu’il irrigue encore plus fortement notre militantisme. Les modalités du groupe de travail fédéral intersyndical sur les AESH pourraient ainsi être reproduites sur d’autres sujets transversaux aux syndicats nationaux de la FSU.
Mais aussi se renforcer et se réinventer en s’emparant de champs nouveaux et en osant certaines bifurcations.
Tout d’abord, l’enjeu brûlant de l’unification du syndicalisme de transformation sociale avec CGT et Solidaires. Bien que semblant évidente, rendue encore plus nécessaire par le contexte et affirmée au plus haut niveau de nos trois organisations, cette démarche d’unification syndicale ne sera pas forcément un long fleuve tranquille d’autant que, dans le premier degré, nos partenaires syndicaux dans les départements sont rarement les mêmes. Nul doute toutefois, qu’en s’y engageant de façon très volontariste, les difficultés se lèveront une à une.
Ensuite, notre investissement concret dans les nouveaux mouvements sociaux autour de l’écologie, du féminisme et de la lutte contre les discriminations, au-delà des appels à participer aux mobilisations.
Le collectif « Plus jamais ça » nous a déjà bousculé en traitant la question écologique en même temps que la question sociale.
Reste à en faire maintenant une question syndicale présente dans l’ensemble de nos réflexions et actions. Car, notre projet pour l’école est étroitement lié à notre volonté de transformer le monde.
Du coup, comment aller au-delà et englober, sans structuration formelle, l’ensemble du mouvement social ?
Il semble même nécessaire d’élargir encore au bloc politique de rupture à gauche, et donc se confronter, forts de notre indépendance, à des rapports au politique dépassant la seule interpellation avant les élections.
Recréer de l’utopie et de l’espoir dépendra, en partie, des résultats de dimanche prochain mais reposera aussi et beaucoup sur nous et notre syndicalisme.