Le gouvernement confond volontarisme et autoritarisme : opposons-lui des revendications à même de protéger et émanciper

Intervention de Lucie Lefèvre (BN, Nantes)

Le pass sanitaire a fait et fait se mobiliser beaucoup de gens. Il nous appartient, organisation syndicale, d’apporter notre analyse sur l’obligation vaccinale dans le milieu du travail et celle induite par le pass sanitaire, et sur leurs répercussions dans l’opinion. Comme souvent, c’est par la contrainte que le gouvernement a cru faire avancer les choses. A l’école émancipée, il nous semble que cette question doit être discutée car elle traverse la société, elle touche l’école. Il faut a minima débattre et nous mettre d’accord sur les limites que le gouvernement n’aurait pas dû franchir, notamment dans la crise de confiance qu’il traverse actuellement.

Dans la société, l’obligation vaccinale conduit à la suspension du salaire de certain-es travailleurs-euses. Cela est lié notamment à la défiance immense ressentie face à un gouvernement qui nous a menti sur les masques, qui a laissé, notamment les personnels soignants se débrouiller avec un système D honteux (des sacs poubelles pour toute protection), des urgences déjà surchargées, les politiques libérales n’ont pas attendu le Covid 19 pour mettre l’hôpital public à mal, et voilà que les mêmes qui leur imposent des cadences infernales, leur impose à présent par la contrainte, la vaccination. On peut, il me semble, affirmer, comme l’a fait la FSU que nous souhaitons une politique de santé volontariste qui inclut la vaccination universelle, et dans le même temps défendre les travailleurs-euses suspendu-es.

On sait que le pass sanitaire est un outil de contrôle, et il contraint les plus fragiles dans notre société : celles et ceux qui subissent les déserts médicaux, les personnes sans abris, les personnes qui arrivent nouvellement en France et qui doivent déjà avec difficulté trouver leurs marques, et enfin celles et ceux qui se sentent méprisé-es socialement et qui cherchent les raisons de cette violence dans des théories complotistes. Cette défiance face à la politique sanitaire du gouvernement est aussi la conséquence d’un mépris de classe chaque jour affiché. Tout en préservant évidemment nos ambitions de libertés collectives, et refusant l’individualisme qui se résumerait au droit de contaminer librement son voisin, ne balayons pas d’un revers de main la question du pass sanitaire et ce que les mobilisations actuelles et le refus du vaccin traduisent des peurs qui traversent la société dans cette situation inédite.

Dans l’école : imposer au Psy EN la vaccination, c’est aussi les circonscrire symboliquement à un rôle de personnel de santé et nier une part de l’identité de leur métier. Il nous faut être à leurs côtés, notamment dans les audiences qui les concernent aux rectorats. Et nous saluons le travail d’accompagnement qui est déjà fait en ce sens.

Face à la décision de Blanquer de ne permettre qu’aux élèves vacciné-es de rester en classe lorsqu’un cas de Covid 19 se déclare, c’est encore une fois, une forme de « punition » qui pénalisera les mêmes : les plus fragiles, et ceux qui sont tributaires des choix de leurs parents. Le conseil scientifique lui-même a expliqué qu’il existait des stratégies plus justes que les fermetures de classe : une mise en place de tests réguliers en n’isolant que les élèves positifs. Evitons ce tri qui sonne comme une double peine : les élèves non vacciné-es étant déjà parmi les plus défavorisé-es et qui prendront en plus du retard dans leur travail. On n’imagine pas non plus en tant que professeur-ses, évincer certains élèves des sorties pédagogiques.
Levées des brevets, vaccination de toutes les populations de la planète, voici les vrais enjeux de la période, avant que de nouveaux variants n’arrivent et afin de montrer notre solidarité internationale.

Face à un gouvernement qui confond volontarisme et autoritarisme, le SNES-FSU doit rappeler que nous souhaitions l’universalité de la vaccination à l’échelle nationale et internationale passant notamment par la levée des brevets, une politique d’accès équitable aux services de santé sur l’ensemble des territoires, une vraie politique de dépistage et un travail de prévention intelligemment mené dans les écoles.