Guerre au Proche Orient : nos tâches syndicales prioritaires

Par Antoine Vigot


45 jours de guerre au Proche Orient. Le bilan de la guerre est effroyable. Près de 12 000 morts à Gaza, 4500 enfants tués, près de 3600 disparus. – Le secrétaire général de l’ONU parle d’un « cimetière pour enfants »-, 1,6 millions de déplacé·es, prisonniers d’une enclave sous siège intégral.  La bande de Gaza est largement détruite. Ce week-end, les frappes israéliennes ont touché les écoles financées par l’ONU faisant plusieurs dizaines de victimes. Les agences de l’ONU dénoncent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, elles parlent d’un risque de Génocide. Nous n’avons eu cesse de le dire en FSU, chaque vie compte : Nous condamnons tous les crimes de guerre et tous les actes de terreur : Nous disons aussi qu’aucun d’entre eux, ceux, terribles, commis par les factions palestiniennes et le Hamas contre 1400 civil·es israélien·es. Au delà de ces condamnations, clairement énoncées, l’urgence est à réaffirmer que le 7 octobre ne peut justifier la punition collective infligée aux Gazaoui·es, désormais soumis·es à la menace d’une mortalité exponentielle liée au développement des épidémies et au risque d’une nouvelle Nakba, une nouvelle expulsion massive quand l’armée israélienne envisage d’envahir le sud de la bande de Gaza.  

En Cisjordanie, les colons, constitués en milices, armées par Tsahal exploitent la guerre au profit du projet colonial du Grand Israël : 220 Palestinien·nes ont été tué·es depuis le 7 octobre, 1200 déplacé.e.s. L’ONG israélienne B’Tselem évoque 16 communautés palestiniennes « rayées de la carte » depuis octobre. La région est au bord de l’embrasement. Il y a urgence à imposer à Israël un Cessez-le feu: c’est le sens des mobilisations à travers le monde.

En France, il faut faire pression sur le gouvernement Macron. Son soutien premier, inconditionnel à la logique de guerre contre la terreur portée par le gouvernement israélien, a abimé l’image de la France à l’étranger, attisé les clivages dans la société française. C’est aussi le résultat de nos mobilisations nationales comme locales, avec comme cadre le collectif national pour une paix juste et durable d’avoir infléchi la position française depuis le 7 octobre. La question de la paix juste, la question du soutien aux peuples opprimés, celles de la liberté d’expression sont des questions au cœur de l’internationalisme que l’arc syndical de la transformation sociale porte et que nous défendons, avec CGT et Solidaires au côté desquels nous devons rester mobilisés, répondre à leurs sollicitations. 

La FSU doit préserver absolument le cadre du collectif national et chercher, sans en faire un préalable, l’unité d’action avec d’autres organisations syndicales ou associations comme la LDH, Amnesty International ou les collectifs de Palestinien·nes en France.

Notre mobilisation doit donc se poursuivre inlassablement pour exiger un cessez le feu. D’autant que la position de Macron n’est pas un appel au cessez le feu contraignant avec des sanctions: c’est pourtant l’urgence . 

L’urgence de la paix juste mérite mieux que les instrumentalisations de la question, et notamment celle à laquelle on a assisté autour de la marche du 12 novembre.

Soutenir inconditionnellement comme l’a fait la présidente de l’assemblée, la violence des tenants d’un nationalisme ethniciste à base religieuse ne peut que contribuer à exacerber les tensions et le ressentiment, et renforce les logiques de terreur prétendument combattues. 

Amalgamant l’opposition à l’islamisme à la défense des populations juives en France contre une haine aveugle, contre laquelle nous n’aurons jamais aucune complaisance, c’est accepter la confusion politique et ouvrir la voie aux visions racistes et à l’extrême droite. 

Nous avons eu raison de ne pas appeler à cette opération de normalisation du RN, cyniquement voulue pour construire les bases d’une union nationale favorable derrière un pouvoir en cruel manque de légitimité parlementaire. La juste cause de la lutte contre l’antisémitisme et tous les racismes mérite mieux : des réponses larges et unitaires à gauche, sur des bases claires. 

Notre tâche syndicale, conforme aux ambitions défendues inlassablement dans nos mandats de congrès (thème 3), est de tout faire pour la paix juste et durable, d’amplifier les mobilisations nécessaires pour stopper le massacre, et de les articuler à la lutte contre tous les racismes et l’antisémitisme. Continuons , sans hésitation, sans tergiverser face aux pressions. Vu les difficultés de la gauche politique, c’est l’honneur de notre syndicalisme de tenir nos positions internationalistes, unitaires et déterminées.