Denis Thomas : grand débat.

Aux Gilets jaunes fallait -il un grand débat? alors que ce qu’exprime la contestation sociale des GJ est très clair autour des enjeux de redistribution des richesses, de justice fiscale, de justice sociale, de fonctionnement de la démocratie et des questions de représentation…En bref, un contre programme à celui de Macron !

Alors, à qui, à quoi sert ce grand débat ?

Avec ce grand débat, on retrouve l’exercice médiatique de la campagne des présidentielles qui a réussi à E Macron : un stand up où on mouille la chemise avec là, en perspective, les élections européennes, une adresse directe à chaque français, sous forme de lettre, discréditant de fait tout ce qui est censé faire obstacle à la « pédagogie » (le parlement, les OS, les partis politiques …) ou censé faire obstacle à la démocratie « directe » ( d’où la mise en avant des maires).

On retrouve également la démarche mise en œuvre pour le forum de l’action publique dans le cadre d’AP22… car il y a un parallèle à faire avec le grand débat articulé autour d’une phase de soit disant consultation avec la mise en place d’une plate-forme numérique et des réunions dans les territoires suivies d’une phase de restitution. Pour AP22, la consultation a été surtout caractérisée par la non prise en compte des remontées et s’est traduite par la mise en œuvre d’un rapport volontairement mis sous embargo (CAP22) mettant en musique les choix gouvernementaux

Mais surtout, on retrouve les fondamentaux des choix politiques et budgétaires de ce gvt qui ne veut rien lâcher sur ses orientations libérales de redistribution vers les plus riches qui s’enrichissent toujours plus au détriment des plus pauvres (voir les dividendes records des entreprises du CAC 40…)

Ainsi, la seule solution envisagée dans les fiches pédagogiques au sujet de l’impôt, c’est la baisse sans remise en question des choix de la suppression de l’ISF, du CICE , de la flat tax,..Et fort logiquement, la question est posée ensuite de savoir quels SP faut-il supprimer. Ces fiches pédagogiques témoignent de la volonté politique d’évacuer les questions de justice fiscale du débat pour l’orienter vers la baisse des dépenses publiques.

De fait, ce grand débat est une aubaine pour le pouvoir car il va permettre de relégitimer le « faire plus avec moins » développé à longueur de rapport cap22 et justifiant les politiques d’austérité.

Il est important que la FSU porte ses analyses et ses propositions sur les questions de fiscalité, de pouvoir d’achat, de services publics et de transition écologique. Mais il convient d’aborder ce grand débat avec prudence, ne pas être dupe de la manœuvre, car autant sur le fond que sur la forme, ce grand débat et ses déclinaisons ne sont pas prévus pour permettre cette expression de nos revendications et leurs prises en compte.

Sur de tels enjeux, il faut favoriser les démarches et initiatives qui permettent les convergences avec les forces de transformation sociale (dont nos partenaires syndicaux ) et aussi avec les GJ. Il faut donc que si participations au grand débat il y a, celles-ci se fassent dans des cadres unitaires larges et servent de tribunes pour porter nos propositions et mener le nécessaire travail de conviction auprès des personnels et des populations. Notre objectif doit être de participer à la construction du rapport de force indispensable pour donner un coup d’arrêt aux mesures anti sociales de ce gouvernement.