Débat général – Revendiquons la fin de l’abondance… pour les riches !


Marie Haye

En guise de réponse à la double urgence sociale et écologique, Macron a annoncé « la fin de abondance » à la fin de l’été. Mais pour qui ? Les 10 % des plus aisé·es qui émettent 5 fois plus de carbone que la moitié la plus pauvre des français·es ? Parlait-il des grandes entreprises qui superprofitent sur le dos de la planète et de la population ?

Le même qui en 2020 ne croyait pas « que le modèle Amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine » change de cap seulement dans le discours : il entend continuer à faire grossir le gâteau de celles et ceux qui s’enrichissent sur le modèle du productivisme, et à garantir l’inégale répartition de ce gâteau, par une sorte de ruissellement inversé.

Pour soutenir le train de vie des plus riches, la population devrait trouver légitime qu’ielles se déplacent en jet privé. Elle devrait accepter une deuxième réforme de l’assurance chômage, se trouver chanceuse, dans un contexte d’inflation galopante, de recevoir des primes distribuées au compte-goutte plutôt que de pouvoir bénéficier d’une véritable augmentation générale des salaires et des pensions. Elle devrait faire sienne l’idée qu’il serait déraisonnable de bloquer les prix, et de s’opposer à une nouvelle réforme des retraites.

Le syndicalisme de lutte et de transformation sociale a la responsabilité de contribuer à imposer l’idée que tenter de faire grossir encore le gâteau du capitalisme n’est pas soutenable car il est déjà responsable de dégâts irréversibles pour la planète, et pour les populations. Pour cela, nous devons porter des alternatives crédibles, qui permettent de sortir de la doxa de la croissance infinie, non seulement sans aggraver les inégalités, mais en les réduisant.

Permettre de vivre dignement, de se nourrir sainement, de se vêtir durablement ou de se chauffer convenablement, passe par une meilleure répartition des richesses et l’augmentation de nos salaires et pensions. Réduire drastiquement les émissions de carbone, c’est aussi rendre les transports en communs gratuits ou presque, trains compris, et réinvestir dans le réseau ferroviaire, comme en Espagne ou en Allemagne. C’est baisser le temps de travail à 32 heures, car une telle mesure aurait une incidence sur les déplacements, mais aussi sur la qualité de vie. C’est aussi revenir à la retraite à 60 ans et diminuer la durée de cotisation à 37 annuités et demies, pour permettre à chacune et chacun de bénéficier d’années supplémentaires en bonne santé. C’est revenir sur les mesures fiscales favorables aux plus riches pour investir massivement dans les services publics, indispensables à la rupture sociale et écologique.

En cette rentrée, la FSU doit se saisir de la grève du 29 septembre et œuvrer à construire rapidement les suites. Elle doit rendre visible l’articulation entre la justice sociale et les questions écologiques : c’est un puissant levier de mobilisation dans les rues comme dans notre champ à la veille des élections professionnelles !