Débat général – Intervention introductive de l’École Émancipée


Par Claire Bornais


La lutte contre la réforme Macron 2023 des retraites est une des luttes syndicales essentielles pour la justice sociale, comme celle pour le partage des richesses via les salaires. D’ailleurs, cette réforme est manifestement un enjeu central pour le gouvernement, vu l’omniprésence médiatique de ses membres pour la défendre à coup de mensonges éhontés sur la justice sociale. Malgré tout, il n’emporte pas la conviction de la population, qui est très majoritairement opposée à cette réforme. Et ceci dès le début du mouvement, soulignons le, ce n’est pas si fréquent. Il y a donc des enjeux forts aussi pour le mouvement social progressiste de ne pas perdre sur ce terrain des retraites. Il s’agit de redonner l’espoir dans la capacité des mobilisations sociales à changer le cours des choses. Il s’agit aussi de ne pas laisser un boulevard à l’extrême-droite, qui prospère sur le sentiment d’injustice sociale.

Nous partageons dans la FSU l’analyse du modèle de société derrière cette retraite : le but est d’appauvrir et précariser les classes moyennes ou déjà pauvres, pour préserver les privilèges des plus riches. Il s’agit de préserver les allègements d’impôts et de cotisations sociales consentis au MEDEF, et qui coûtent un « pognon de dingue » à la nation. Ceci pour le plus grand profit des bénéficiaires des dividendes indécents versés par les grandes entreprises. D’autre part, cette réforme, conjuguée à celle de l’assurance-chômage, permet au patronat de faire baisser les salaires, toujours en faveur des dividendes. Elle oblige en effet des salariés à rester plus longtemps sur le marché du travail, avec des conditions plus dures d’indemnisation du chômage, augmentant ainsi les difficultés d’insertion des jeunes entrants sur le marché du travail qui n’ont aucun droit. Les vieux dans la misère, les jeunes dans la galère, de cette société là, nous n’en voulons pas !

L’unité syndicale large dans l’interpro est un élément important pour la mobilisation nécessaire à la victoire. Elle vaut bien quelques concessions au départ sur la fréquence et les modalités d’action auxquelles appelle l’interpro. Mais il est indispensable de monter progressivement le niveau de conflictualité, pour gagner, en  évitant que le mouvement ne s’essouffle et que la résignation ne l’emporte. Nous le savons, pour gagner, il faut que le gouvernement et le patronat considèrent avoir plus à perdre, économiquement et politiquement, qu’à gagner avec le maintien de la réforme. Il est donc essentiel que le mouvement porte rapidement atteinte à leurs intérêts. Bien sûr, le poids de la FSU est moins important dans l’interpro que celui de la CFDT et de la CGT, mais il n’est pas négligeable, loin de là. Les services publics sont essentiels pour le fonctionnement de la société. Il n’y a qu’à penser à l’exemple des transports publics. La FSU est la deuxième organisation de la FPE, elle est majoritaire dans secteur éduc, qui peut être aussi un facteur de blocage s’il se mobilise massivement. Et lorsque la jeunesse descend dans la rue, les gouvernements tremblent. La FSU a un rôle essentiel à ce niveau là.

Il est donc important que des appels de l’interpro sortent des formulations d’encouragement à reconduire la grève là où c’est possible et à organiser la solidarité financière avec les grévistes. L’augmentation du niveau de conflictualité passe aussi par des journées de grève interpro plus fréquentes qu’une toutes les deux semaines. Des appels à des manifestations partout dans le pays le samedi, en plus des journées de grève peuvent être un bon compromis, pour maintenir la pression et permettre aux salarié⋅es les plus précarisé⋅es de manifester sans risquer de perdre leur emploi. Une première date en fin de semaine prochaine, le 4 février, marquerait clairement la volonté d’accélérer de l’intersyndicale.  L’interpro doit amplifier la lutte et, par sa combativité et ses propositions, la FSU peut y contribuer.