De cette société là, on n’en veut pas !

Par Marie Haye (Nantes)


Le fond de l’air est brun : la COP 28 a repoussé toute solution de rupture avec les logiques capitalistes mortifères pour la planète. Trump fait son grand retour pendant que Milei tronçonne toutes les solidarités. La guerre fait rage dans le monde, comme en Ukraine ou à Gaza. L’extrême-droite progresse en Europe comme en France. Macron vient de nommer à la tête du gouvernement un Attal qui ne montre que son profil droit, dans une forme de pendant avec Bardella. C’est le nouvel « en même temps ». La loi immigration, qui reprend le principe de préférence nationale du RN, est l’un des marqueurs de cette alliance entre libéraux et réactionnaires.

Au-delà du « Stanislas-gate », les mensonges et les attaques de la nouvelle ministre marquent le franchissement d’un cap supplémentaire dans le séparatisme scolaire et social décomplexé des riches. C’est la politique anti-sociale de la macronie qui apparaît dans toute sa crudité, celle qui réduit les Services publics à des moyens d’assistance pour les pauvres, pendant que les autres vont dans le privé. L’Éducation comme la Santé ont d’ailleurs perdu leur ministère de plein exercice. Quant à la Fonction publique, elle n’existe plus, ni le logement, alors que le nombre de personnes à la rue augmente, dont des enfants, et que certaines meurent de froid. C’est ça, le mépris de classe, ce qu’il faudrait expliquer à Rachida Dati.

Saisissons cette perche tendue dans la perspective de la grève du 1er février. Il est inacceptable que la nouvelle ministre s’attaque ainsi à l’école publique, crache au visage des personnels qui la portent à bout de bras, pendant que la macronie s’emploie à la détruire. La question de sa démission se pose. Elle est en tout cas posée par les collègues. Ne laissons pas FO récolter le 25 les fruits de cette colère.

C’est aussi le lien avec le « choc des savoirs » qu’il faut montrer. Il ne vise pas l’élévation générale des acquis scolaires et leur égalisation entre classes sociales, mais le renoncement à cet objectif. Décryptons-le, sans craindre de froisser celleux qui pourraient être séduit·es, et qui sont surtout empêché·es de faire leur travail à cause des politiques néolibérales à l’œuvre. Montrons qu’il constitue une nouvelle violence professionnelle, contre les enseignant·es, CPE, AESH, AED, agent·es, personnels administratifs et de direction, qui se sont engagé·es dans le service public d’Education avec une haute conception de leurs missions.

On ne fera pas société, on ne relèvera pas les défis climatiques, démocratiques et sociaux qui s’imposent à nous, avec une école à deux vitesses. Le dire haut et fort est la responsabilité du SNES-FSU, premier syndicat du second degré, de lutte et de transformation sociale. Pour le dire autrement : comment mieux légitimer nos revendications en matière de salaire et de conditions de travail, qu’en défendant l’école publique démocratique ? Articuler notre campagne à celle de la FSU « Nous faisons l’école » sera un plus pour gagner l’opinion. S’appuyer sur la recherche, les associations disciplinaires, ainsi que sur les parents d’élèves également.

Ne sous-estimons pas la peur qu’inspire aux dominant·es la puissance de l’action collective. Participons massivement aux mobilisations pour un cessez-le-feu à Gaza, en solidarité avec les syndicats argentins, et contre la loi immigration, auxquelles la FSU appelle. Le SNES doit mobiliser ses adhérent·es, comme il l’a fait pour le 21 janvier. Faisons de la grève éducation du 1er février le coup d’envoi d’une grande mobilisation pour la défense de l’École publique et démocratique. C’est aussi dès à présent qu’il faut préparer la grève féministe et construire la mobilisation Fonction publique prévues en mars. Pour gagner, il faudra montrer la cohérences des attaques, unir nos forces avec le reste du mouvement social, élargir et s’inscrire dans la durée.