Virginie Solunto : une campagne pour retrouver du pouvoir d’agir sur notre métier

Depuis de nombreux mois, le SNUipp-FSU mène campagne pour l’école, pour obtenir des moyens, du temps et de la reconnaissance pour les enseignants. Nous nous battons pour de meilleures conditions de travail, pour une école qui se rapproche de nos idéaux, pour les élèves, malgré des décisions « politiques » prises parfois en dehors de tout dialogue social et souvent sans prendre l’avis des experts de terrain que sont les enseignants. Le SNUipp-FSU, à travers ses mandats et son livre blanc, s’est donné un projet ambition pour l’école et ses personnels. Nous tiendrons nos engagements pour faire de l’école un lieu d’émancipation et de réussite pour tous les élèves mais pas seulement. Les réformes de l’école, et nous le rappellerons au gouvernement qui se met en place, ne peut se faire sans les enseignants.

Car années après années, réformes après réformes, c’est bien nous, enseignants, qui sommes les dépositaires de l’idée que tous les élèves peuvent réussir. C’est par nous que le projet de démocratisation du système scolaire passera. Et c’est fort de cette conviction que nous pourrons engager la profession dans les batailles qui vont se révéler indispensables pour arracher les contours d’une école qui prenne au sérieux le rapport aux savoirs des élèves des classes populaires.
Les savoirs professionnels indispensables à la réussite de tous les élèves ne se trouvent pas dans les bureaux de la rue de Grenelle. Ils se construisent chez les enseignants qui doivent rester les concepteurs de leurs pratiques professionnelles et garder la maîtrise intellectuelle de leur travail.

Les transformations de nos métiers ces dernières années ont conduit à une séparation entre l’organisation intellectuelle de notre travail et sa mise en acte. Par la multiplication du prescrit, les logiques de pilotage, et l’effondrement de la formation, notre hiérarchie s’est immiscée au plus profond de notre travail, conduisant à une forme de prolétarisation de nos métiers.

Il y a ici un véritable enjeu syndical. Agir pour la reconquête de notre pouvoir d’agir enseignant, pour l’affirmation d’une fierté professionnelle assise sur le projet de démocratisation du système scolaire. Remettre notre profession debout, face à un président qui envisage de gouverner par ordonnance. Rappelons ici que le mouvement contre la loi travail de l’année passée a été traversé aussi de ces éléments de dynamique, avec notamment l’affirmation d’un « on vaut mieux que ça » dans notre travail.

Notre campagne de rentrée doit être marquée par cette idée, comme la poursuite de notre action pour récupérer le temps des APC qui ne servent pas, selon ces mêmes enseignants, à lutter contre les inégalités scolaires. Alors oui, les luttes sont devant nous, et le SNUipp-FSU doit les mener avec les enseignants. Il sera là pour porter leurs exigences et résister. L’école est un investissement sur l’avenir qui doit prendre en compte l’humain avant tout qu’il soit élève ou enseignant. Un projet politique ambitieux pour l’école ne peut se résumer, comme on nous le propose, à une gestion libérale et comptable.