A l’instar des Thatcher et autres Reagan, Macron veut accentuer la transformation de la France. Cette volonté place le mouvement social face à des enjeux élevés et à des responsabilités.
A travers sa politique fiscale notamment, le gouvernement opère un transfert massif de richesses en faveur des plus riches et réduit les fonctions redistributives de l’Etat mais il ne fait pas que cela.
Une partie importante de l’activité échappe encore à la main mise directe du capital. Le chemin de fer par exemple mais plus généralement les activités effectuées par les 5,6 millions d’agents des fonctions publiques.
Les obstacles à la privatisation sont principalement de deux ordres.
Le premier est politique. La fonction publique fait partie du contrat social est la population y est attachée. Il faut donc la convaincre que les services publics sont inefficaces, qu’ils coûtent trop chers et que le statut de leurs agents est un obstacle à leur modernisation et adaptation au monde moderne. Pour cela, en plus du discours médiatique dominant, les politiques d’austérité prive les services publics de moyens nécessaires pour satisfaire les attentes de la population. Comme dit Noam Chomsky, si vous voulez privatiser un service public commencer par le faire dysfonctionner… C’est l’engorgement des urgences, les difficultés d’accès aux soins, les résultats inégalitaires de l’école publique etc.
C’est dans ce mouvement général qu’il faut situer AP 2022 et bien comprendre que ce gouvernement franchi des seuils qualitatifs et s’en prend directement aux statuts des agents. Car le statut est à la fois une garantie indispensable pour un traitement équitable des usagers mais c’est un élément favorable aux mobilisations et voilà pourquoi le statut des agents est le deuxième obstacle à la privatisation.
Alors qu’Edouard Philippe réaffirme l’objectif de 50 000 suppressions de postes sur le quinquennat dont 4500 cette année et plus de 10 000 l’an prochain, le SNUipp et la FSU doivent être promoteurs de mobilisations en faveur de la Fonction publique et de ses agents à l’occasion des discussions de la loi de finance.
L’autre grand dossier social sera bien sûr celui des retraites. Les grandes lignes du projet gouvernemental sont connues : casser le régime par répartition et prestations définies et passer sur un système à points pour lequel les prestations seront individualisées et liées entre autre à l’évolution de l’espérance de vie ou au taux de croissance.
Ce système permettra au gouvernement de faire baisser les retraites sans avoir à redéfinir des durées de cotisations ou l’âge de départ à la retraite…
Cette réforme (si on peut appeler réforme une régression majeure) est prévue pour janvier 2019. Mais a-t-on besoin d’attendre d’en connaître les détails pour engager la bataille ? Non. Son principe est connu et nous devons mener une première bataille intellectuelle d’opposition.
Le mouvement syndical, en premier lieu CGT Solidaires et la FSU doivent promouvoir leurs solutions pour s’opposer là aussi à la volonté de changement de société voulu par le gouvernement, pour tourner toute l’économie nationale vers les actionnaires et les entreprises, au détriment des droits de la population, de toute solidarité, ceci dans le cadre le plus unitaire possible.
C’est bien notre travail qui créé les richesses et elles ont été multipliées par 4 en 30 ans ! Les financements existent pourtant pour faire vivre durablement les régimes existants : le CICE et le pacte de responsabilité, c’est 35 milliards €, la suppression des exonérations de cotisations patronales, ce sont plus de 25 milliards €, …
Macron se veut le maître des horloges. Au mouvement social d’être offensif et de lui imposer son agenda en prenant l’initiative de mobilisations dès maintenant !