En ces temps de confinement, la population est beaucoup plus captive, au sens propre comme figuré, captive aux discours gouvernementaux.
Pour preuve, le taux d’audience des différentes allocutions. Pourtant, pas de confiance envers ce gouvernement, au contraire. Il faut dire que les scandales se répètent : absences de tests, masques inutiles hier pour cacher leur absence, aujourd’hui obligatoires mais vendus 10 fois plus cher qu’en février.
Le scandale des masques est à l’image du glissement opéré dans le discours du pouvoir : au mois de mars, priorité à « la sécurité et la protection de tous », et maintenant, soutien à l’économie marchande « quoi qu’il en coûte ». C’est-à-dire au prix de la santé des salarié.es, qui sont renvoyés à leur responsabilité. Qu’ils achètent des masques, sinon ils seront sanctionnés. Une logique autoritaire au service du capital et non des besoins sociaux et sanitaires, l’acte 3 de Macron, c’est donc la continuité de sa politique…
Une politique également caractérisée par l’incompétence : l’impréparation est la norme, notamment dans les transports, ou avec l’ouverture des lieux scolaires qui se fait en dépit de l’avis du conseil scientifique… On voit où sont les priorités pour ce gouvernement : faire tourner l’économie marchande, aider les grandes entreprises, comme Airbus par exemple, ou encore Air France qui recevra une aide de 7 milliards d’€ sans aucune contrepartie sociale ou environnementale.
Pour une partie de la population, la plus pauvre, le risque d’effondrement social est bien là et il faut le gérer au jour le jour : payer son loyer, ses crédits, nourrir ses enfants alors que certains revenus ont disparu. Dans les quartiers populaires, c’est la double ou triple peine : c’est là que le confinement est le plus pénible car les conditions de logement sont dégradées, que la gestion policière en est la plus violente, c’est là qu’on est le plus souvent victimes du Covid, et c’est encore là que la situation est dramatique sur le plan social…
Si j’insiste sur la dimension sociale, c’est qu’il s’agit aussi d’un enjeu pour le syndicalisme : on agit depuis le début de la crise pour faire valoir les droits des salariés et des agents, c’est essentiel. Il faut aussi mener des combats de justice sociale, alors que le chômage explose, que les plans de licenciements vont se multiplier dans les prochaines semaines : obtenir pour cette période de crise un moratoire sur les loyers et les crédits, obtenir un revenu minimum garanti pour tous et toutes, des mesures fortes (et d’autres pays européens l’ont fait) pour empêcher que ces populations fragiles ne s’écroulent tout à fait.
Les Services Publics sont aussi la réponse pour davantage de justice sociale, mais on ne se fait pas d’illusion, on va assister à la tentative d’un retour rapide de politiques austéritaires qui viendront les dégrader encore. C’est au contraire une réponse immédiate qu’il faut (et des mesures d’urgence) et une réponse à long terme, pour la société qu’on veut.
Et pour financer ces mesures sociales, il faut une stratégie du choc fiscal qui permette de redistribuer les richesses, et un financement direct des Etats auprès de la banque centrale pour briser le chantage à la dette.
Ces combats (ils sont développés dans le texte action) sont la feuille de route de la FSU : et la fédération a des atouts pour les mener, elle est engagée dans des cadres unitaires dans lesquels elle peut développer le syndicalisme de transformation sociale dont elle se réclame.
Depuis mi mars, c’est clair, c’est difficile d’agir syndicalement. Pourtant le syndicalisme est plus que jamais essentiel pour défendre les droits et en conquérir d’autres.
Au sein de l’interpro, avec CGT et Solidaires notamment, ce cadre qui a mené la bataille contre la réforme des retraites est celui qui peut aujourd’hui mener d’autres luttes pour garantir le respect du droit du travail, des avancées salariales, notamment l’égalité femmes-hommes, l’accès de tous et toutes aux SP, à la protection sociale…
Il nous faut réfléchir à la façon d’associer la population à ces combats, malgré les obstacles liés à la crise sanitaire, en développant des campagnes pour porter la question de la justice sociale au cœur du débat public.
Il y a aussi un autre cadre unitaire, celui du « jour d’après », et de la pétition intitulée « plus jamais ça ». Aujourd’hui, nous vivons une situation inédite, aux lourdes conséquences économiques et sociales : quelle sera l’issue de cette crise ? Nos gouvernants, c’est sûr, préparent dès maintenant LEUR jour d’après, avec leur dose de néolibéralisme et les régressions sociales qui l’accompagnent. Le nôtre, notre jour d’après, il sera ce que nous en faisons, et il se construit dès maintenant : le cadre unitaire des 8, qui associe 4 orgas syndicales et 4 associations, est un véritable atout pour construire, et imposer des alternatives sur le plan de la justice sociale et de l’écologie. La FSU y est très investie, c’est une bonne chose. Nous pensons qu’il s’agit là d’un véritable outil pour construire la société de demain : en articulation avec les actions interpro, nous avons là les moyens de peser sur les choix politiques à venir. Alors il y a urgence à réfléchir à la façon dont cette dynamique peut se concrétiser sur le terrain, à s’emparer d’un tel cadre afin de rendre incontournables ses propositions dans le débat public. Il faut donc faire de ces questions une priorité.