La Commission administrative (9-10 mai 2011) et le Bureau national (26
mai 2011) avaient pour ordre du jour la validation des listes CNU, section
par section.
Avant de procéder à l’examen nominal de chacune de ces listes, les élus
ÉÉ/PSO ont souhaité ouvrir le débat sur les modalités et critères qui
présideraient à ces désignations et au règlement des conflits éventuels.
Nous avons demandé qu’à l’avenir un avis voté et argumenté par les sections remonte au siège, préalablement à l’instruction des listes en CA, et avons
proposé qu’avant même la constitution des listes, les critères de leur
validation fassent l’objet d’une discussion et d’un accord collectifs. À
défaut, en effet, le seul principe qui semblait primer était celui de la
présentation d’une liste SNESUP à tout prix.
Il nous semblait tout aussi nécessaire de convenir au préalable des positions
que les candidats sur les listes SNESUP devraient tenir une fois élus. En
particulier, nous souhaitions que soit réaffirmée l’opposition du SNESUP à
la notation hiérarchisée des enseignants-chercheurs, et plus généralement à
une évaluation individuelle d’activités scientifiques et pédagogiques
éminemment collectives. En effet, la veille, le nouveau président de l’AERES
avait explicitement annoncé son intention de faire prévaloir une
« évaluation plus contrastée » (il y aurait trop de A+), alors qu’il
s’apprête à examiner les procédures d’évaluation du CNU, prérogative que lui
confie la loi LRU.
Ce débat a été écarté d’emblée.
Les discussions ont donc été directement ouvertes sur des dizaines de listes
de noms, présentées brièvement, sans aucun accord préalable sur les critères
que nous aurions dû privilégier (avis des sections, constitution de liste
par les mandatés du SNESUP, parité, nombre de syndiqués, etc.).
Sur toutes les listes pour lesquelles nous ne disposions pas des éléments
d’information et d’appréciation objectifs nécessaires à leur validation,
nous avons jugé que nous n’étions pas en mesure de rendre un avis éclairé et
avons décidé de ne pas prendre part aux votes, tout en essayant de nourrir
la délibération que nous avions appelée de nos vœux. Faute de nous être mis
d’accord sur des principes clairs de validation, les cas problématiques et
les contradictions dans leur traitement se sont multipliés. Si bien qu’après
deux jours de CA et une journée de BN, entièrement consacrés au CNU, c’est
le prochain SN qui devra s’y coller. Soit quatre jours d’instances
nationales dédiés à la simple validation des listes et cela sans que la
méthode choisie ne permette de le faire de manière satisfaisante ! Pendant
ce temps-là, le projet gouvernemental de réforme de la licence avance…
À l’heure où les pressions exercées pour une évaluation concurrentielle et
une position scientifique élitiste vont croissant, à l’heure où seule la
recherche est honoris causa, au détriment des tâches collectives qui ne
rapportent rien mais sont le soubassement du bon fonctionnement de toute la
communauté universitaire, nous estimons qu’avec les critères scientifiques,
l’engagement syndical ou, à défaut, le positionnement clair des candidats
doit rester central dans les critères de constitution.
Notre syndicat national a donné l’impression de s’être laissé submerger par
les contingences matérielles (comme celle de respecter à la lettre les
prescriptions du décret de peur de voir des candidatures invalidées) et de
délai, ce qui l’a empêché de développer une réflexion préalable. Oui, le
Snesup devait être présent, mais fallait-il pour autant poursuivre le seul
objectif de maximiser le nombre de listes complètes, et ce à n’importe quel
prix ?
Jouer la carte de la représentativité coûte que coûte peut
rapidement être contre-productif si le SNESUP n’a aucun moyen de garantir
que les collègues élus sur ses listes respecteront la profession de foi et
lutteront contre l’évaluation-sanction, d’autant plus que certaines listes
intersyndicales font le grand écart du Sgen-CFDT au Snesup-FSU!
Au-delà du CNU, quelle stratégie compte développer le SNESUP pour lutter
contre l’utilisation de l’évaluation des enseignants-chercheurs à des fins
de modulation des services au niveau des établissements ? Même en menant au
sein des conseils un combat permanent pour bloquer la modulation
individuelle des services d’enseignement, les rapports de force locaux ne
sont pas toujours favorables. Il est impératif de conjuguer actions
nationales et locales. Nous avons tenté d’aborder cette question au Congrès
d’orientation de Nanterre. Par exemple, le Snesup s’engage-t-il à assurer la
protection des collègues et à les inciter à boycotter les remontées de
dossiers d’évaluation ? Pas de réponse à ce jour ! Une telle campagne
offensive pour 2012 serait pourtant utile en vue de l’élection
présidentielle, si l’on souhaite substituer à la réforme néfaste engagée
avec la loi LRU, dont le décret 2009 n’est qu’un appendice, et plus
généralement à la Révision générale des politiques publiques, un projet
d’université collégiale et démocratique, offrant enfin une amélioration des
conditions d’étude et de travail.
Les élus ÉÉ-PSO à la CA et au BN