Le nombre d’adolescent-es empri-onné·es dans le cadre de la détention
provisoire n’a jamais atteint le niveau d’aujourd’hui et il marque
une évolution historique.
La banalisation de l’enfermement depuis plusieurs années et l’annonce
de la création de vingt nouveaux centres éducatifs fermés pour
compléter les cinquante-deux structures déjà en fonctionnement doivent
réactiver le débat sur les choix éducatifs et judiciaires d’une
institution chargée de protéger l’enfance en danger. Plus largement,
il s’agit dans ce livre de questionner l’accélération des politiques
sécuritaires et les orientations générales à l’égard de la jeunesse la
plus en difficulté.
Toutes les études montrent pourtant que l’enfermement socialise dans
un milieu criminogène, où la scolarisation, les soins, la vie
familiale, la citoyenneté sont entravés et qu’il produit des effets
contraires à ceux qu’il prétend obtenir.
C’est pour alimenter ce débat que ce livre éclaire les mécanismes à
l’œuvre dans les lieux et situations d’enfermement, leurs effets
spécifiques sur des adolescent·es et les implications sur le travail
éducatif effectué avec ces jeunes.
La mise en perspective historique des modalités de prise en charge
pénale des enfants, les constats des professionnel-les et des études
sociologiques de terrain permettent d’éclairer l’articulation
difficile – voire impossible – entre impératifs pénitentiaires et
action éducative.
À travers ce miroir tendu à l’institution judiciaire, ce livre tente
d’ouvrir des perspectives susceptibles de répondre à l’enjeu
d’éducation de la jeunesse et de promouvoir des outils qui libèrent.