Intervention de Mary David (École Émancipée) dans le débat général
La convention citoyenne sur les temps de l’enfant annoncée par Macron vise à occuper le terrain médiatique, avec un objet sans risque. Macron ne sera pas tenu par ce qui pourrait en sortir. Cela vise à donner l’impression de faire quelque chose pour l’enfance et l’école, sans dépenser le moindre euro. Améliorer les rythmes et les conditions des apprentissages suppose d’aller contre des intérêts économiques, ce que Macron ne fera pas. C’est une manœuvre de détournement d’attention, il est peu probable que cela fonctionne. Par ailleurs, cette convention repose sur un sous-entendu, qui est que les profs ne travailleraient pas assez, avec tout le mépris que cela porte pour la profession, et avec le risque d’aggraver encore la crise de sous-recrutement. Ce qui empêche aujourd’hui les enfants d’apprendre, ce n’est pas principalement les rythmes et les périodes scolaires, mais les programmes, la surcharge des classes, la ségrégation scolaire, le manque de formation (initiale et continue), etc.
Sur un autre sujet scolaire : les affaires de violences envers les enfants dans les écoles catholiques se multiplient. Pourquoi dans les écoles catholiques, justement, même si les violences existent et ont existé dans l’école publique ? La bourgeoisie y met ses enfants pour l’entre-soi, mais aussi pour le dressage et la conformité morale de ses enfants. L’enjeu n’est pas les contenus scolaires, mais la mise en forme morale. L’entre-soi porte le culte du secret, du cadre, qui est propice aux sévices sur les personnes les plus fragiles. C’est un prolongement des violences sexuelles dans l’église catholique. Les responsables de ces écoles et responsables politiques qui ont laissé faire doivent rendre des comptes devant la justice et des comptes politiques. L’institution scolaire dans son ensemble a été complice, au moins par l’absence de contrôle ou de sanctions. Aujourd’hui : l’école privée est utilisée par les riches, mais aussi par les classes moyennes pour fuir les écoles publiques qui ont été dépouillées de leurs moyens. Cela renforce la ségrégation socio-scolaire. Face à ces dérives, une seule solution : la nationalisation. Avec un zonage impératif de la scolarisation, dans des périmètres scolaires repensés. La responsabilité de la FSU est de défendre l’idée qu’il n’y a pas de société juste sans école juste, protectrice des enfants, égale pour toutes et tous.