Ukraine, mobiliser la profession

par Antoine Chauvel

Mobiliser

Les ressorts d’une mobilisation sont toujours divers et variés. Et la construction d’un large et nécessaire mouvement anti-guerre doit pouvoir se faire en entrant en résonnance avec les questionnements de nos collègues en montrant les impasses des choix politiques ici.
Car au-delà des revendications portées par Blandine dans son intervention, un certain nombre d’autres éléments doivent être mis en avant pour d’une part faire converger nos collègues dans la rue le samedi d’autre part pour répondre à l’immédiateté des besoins, pas forcément nouveaux, que la guerre en Ukraine fait naître.

Car cette guerre agit aussi comme un révélateur de maux.

Celui des discriminations d’abord. La crise humanitaire majeure qui prend forme ne peut que nous renvoyer aux crises syriennes, éthiopiennes, afghanes… et à leur gestion. L’accueil des réfugié·es n’est plus un souci pour nos “frères et soeurs” ukrainien·nes. Mais quel était alors le souci avec les exilé·es de Syrie ou d’ailleurs ? Soyons clair·es : ces dernier·es n’avaient ni la bonne couleur de peau, ni la bonne religion. Et Marine Le Pen admiratrice de Poutine tendance girouette, comme toute l’extrême-droite, n’opère pas de réel revirement. Elle met en pratique ce qu’elle théorise depuis toujours : l’affrontement de deux projets civilisationnels : l’un blanc et chrétien, l’autre de couleur et musulman. Son appel opportuniste à l’accueil de ces réfugié·es ukrainiens participe d’une différenciation abjecte entre les réfugié·es, renforçant le racisme et l’islamophobie. Saluons au passage l’excellente prise de position de la CGT cheminot·es dénonçant l’immonde tri entre bon·nes et mauvais·e migrant·es que leur direction, sous ordre gouvernemental, leur demande d’exercer.

Pour faire vivre cette question de l’accueil sans distinction des réfugié·es, il y a pour le SNUipp-FSU un positionnement spécifique, en tant que syndicat du premier degré, à populariser : celui de l’égal droit à la scolarisation de tou·tes les enfants quelques soient leurs origine. Et à le défendre dans la rue les samedis.

Dans les écoles : permettre l’accueil

L’autre point concerne les conditions d’accueil concrète dans les écoles, la question du comment les accueillir. Et clairement, les fondamentaux prônés par Blanquer ne nous serviront à rien. Ils sont complètement insuffisants pour comprendre la complexité du monde. Pas plus que les injonctions à certaines formations n’aideront les collègues à accueillir ces enfants allophones. Donc au delà des ressources et de la formation, il faut aussi en urgence des moyens humains pour l’accueil et la scolarisation de ces futur·es élèves, pour leur fournir un cadre qui leur permette d’aborder leur nouvelle vie, même si elle est provisoire. Cela veut dire renforcer les UPE2A, les RASED, abonder les postes de psychologues. Et bien sur baisser le nombre d’élèves par classe, nécessité absolue pour que les apprentissages se déroulent dans un cadre adapté et serein. Le plan pluriannuel de recrutements du SNUipp-FSU, prend, une fois de plus, tout son sens.
Appeler à manifester le samedi contre la guerre, pour un accueil digne des réfugié·es sans distinctions pour la scolarisation de tou·tes les enfants, avec des moyens pour l’école : voilà des revendications concrètes pour mettre nos collègues en mouvement. Et c’est plus que jamais nécessaire.