Sébastien Fournier
Je fais partie d’une génération militante qui n’a connu autre chose qu’une extrême-droite puissante électoralement. Et c’est peut-être cela qui constitue le premier indicateur de sa banalisation. L’extrême-droite est là. On a fini par vivre avec.
Mais ces derniers mois, ces dernières années, son emprise a pris une autre tournure.
Emprise très inquiétante sur les forces armées de l’État : armée, police où elle est parfois majoritaire électoralement et désormais organisée par des structures syndicales.
Chaîne de radio, de télévision et milliardaire à disposition pour éructer à l’infini son islamophobie, son sexisme matriciel, ses appels à l’ordre, son aversion pour les libertés individuelles et collectives.
Et pour la première fois dans notre histoire 2 candidats en situation d’accéder au second tour de la présidentielle, et pourquoi pas de la gagner.
L’extrême-droite est là. Et au-delà de sa déclinaison électorale elle pèse.
Sur les gouvernants libéraux qui n’avaient pas besoin de ça et à qui son emprise donne légitimité pour attaquer frontalement nos libertés et s’en prendre directement à nous en reprenant son vocable. Nous les woke, les islamo-gauchistes les gaulois réfractaires…
Elle pèse du sommet jusqu’à la base, en jouant un rôle inquiétant dans le développement des discours complotistes au cœur de la crise sanitaire.
Parce qu’elle s’adresse à notre camp social et qu’elle le divise, elle doit être une préoccupation centrale.
Car oui, cette question est aussi notre affaire. Parce qu’en nous mêmes, nous sommes un obstacle à sa progression. Oui, se syndiquer, s’organiser pour défendre les intérêts du salariat est un rempart à l’extrême-droite et à ses idées.
Mener les luttes pour les salaires, pour l’égalité femme-homme, pour des services publics, contre la précarité participe de cette bataille.
Mais il nous faut aussi faire de ce combat un combat spécifique !
Lutte contre un discours : nommer les choses : antisémitisme, islamophobie, homophobie…
Lutte contre des actes : les discriminations. Être là où l’extrême-droite est ! Ne pas lui céder un pouce de terrain : sur les réseaux sociaux, sur les lieux de travail, et dans la rue !
Structuration des combats, avec les outils qui existent, VISA par exemple mais sans se dédouaner, de nos obligations.
Organiser des cadres unitaires larges, avec le champ associatif.
Assumer notre antifascisme comme au premier jour,
Former nos militants et militantes. Se doter d’outils pour aller à la rencontre des collègues de travail.
Et refuser absolument de céder un pouce de terrain supplémentaire.
A Marseille, dans les quartiers nord, nous avons, avec des structures de l’éducation populaire, sur ces questions là rassemblé plusieurs centaines de personnes, 3 années consécutives il y a peu. Nous avons expulsé Stéphane Ravier, suppôt de Le Pen père de la mairie d’arrondissement conquise en 2014. alors oui c’est possible !
Pas simplement l’endiguer mais la battre c’est possible !