Mary David
L’urgence climatique qui s’impose à nous a fait resurgir récemment la question de l’énergie nucléaire dans le débat public. Ses promoteur-trices, y compris à gauche, considèrent que cette énergie est une solution pour réduire les émissions de Gaz à effet de serre (GES), réduction qui est nécessaire.
Or, cette « solution » du recours au nucléaire est un leurre.
D’abord, parce que les délais nécessaires à la construction de nouvelles centrales nucléaires sont beaucoup trop longs, et que la réduction des GES ne peut attendre. On ne peut pas compter sur d’hypothétiques innovations futures pour réduire ce délai.
D’autre part, parce que les risques d’accident nucléaire demeurent, avec des effets à court, moyen et (très) long terme, comme les montrent les exemples de catastrophe, de Tchernobyl à Fukushima.
Le nucléaire est en outre très sensible au changement climatique : il est très gourmand en eau, donc il est exposé aux sécheresses mais aussi à la montée des eaux car les centrales sont installées en bord de mer ou de rivière.
L’énergie nucléaire n’est pas la moins chère, si on prend en compte les externalités négatives que constitue notamment la gestion des déchets nucléaires.
Enfin, si la mise en cause de solutions d’énergie renouvelable qui soient moins sensibles aux variations de production, nécessite de forts investissements, ces investissements ne sont pas insurmontables et ils sont à comparer aux énormes investissements liés à la construction de centrales nucléaires supplémentaires.
Nous appelons donc à une réflexion et à un débat démocratique urgents sur la politique de l’énergie, qui tienne compte de tous les aspects du problème, y compris la question de notre usage de l’énergie pour les productions et les consommations.
La question « de quoi avons-nous réellement besoin ? », y compris dans le but de réduire les inégalités, doit être posée dans ce débat sur l’énergie.
–> une version enrichie de cette intervention est à lire dans le numéro 93 de l’excellente revue de l’École émancipée.