Marc Rollin
Bonjour.
J’interviens sur les langues dites régionales, au paragraphe 104.
A l’ouverture du congrès, comme souvent et cela est normal, quelques amendements ne faisaient pas synthèse. Le travail collectif a permis d’avancer vers des formulations meilleures que dans le texte d’entrée en commission.
Cette année, les amendements ont majoritairement porté sur les situations multilingues et plurilingues, ce qui est positif, car nous avons besoin d’avancer, dans la continuité du congrès de Clermont, sur ce sujet, même s’il nous faudra nous pencher plus encore, à l’avenir, sur les dispositifs bilingues.
Pour cela, il faudra clarifier la définition de locuteur-trice plurilingue. Qui est-il/elle ? Une personne qui, au quotidien, change de code, de langue, selon les situations sociales dans laquelle elle se trouve.
C’est pourquoi, dans le cas de l’alsacien, du basque, du francique, du catalan, du flamand occidental, et d’autres langues encore, l’enjeu n’est pas tant de dénoncer la concurrence qui existerait entre les langues que de penser leurs rapports de coupure, de proximité ou de continuité, en s’appuyant, entre autres, sur les travaux de recherche.
Ainsi, si les réécritures proposées vont dans le bon sens, la formulation « l’assimilation d’une langue régionale à une langue nationale afin d’en empêcher l’enseignement » continue de poser problème.
En effet, outre le fait qu’en sociolinguistique le concept d’assimilation renvoie au processus d’abandon d’une langue d’origine au profit d’une autre langue, pour des raisons démographiques, politiques, économiques, socioculturelles, institutionnelles ou symboliques, il est problématique d’écrire que quand cela existe c’est en raison d’un choix conscient et délibéré, notamment dans l’Education nationale, alors que celle-ci, dans ses circulaires, défend parfois la co-existence de standards et de variantes et qu’elle n’est pas seule responsable de la situation.
Il y a parfois des raccourcis de la synthèse qui s’opposent aux situations ou réalités complexes.
Par conséquent, si nous retirons notre amendement, il serait néanmoins souhaitable d’écrire quelque chose comme « l’instrumentalisation de langues qui peut conduire à la mise en concurrence ou à l’opposition à certaines LR ».
Minorées, minorisées, impactées par l’enseignement privé ou associatif, les langues dites régionales dans le service public méritent, dans nos écritures fédérales, que nous soyons précis-es dans nos mandats, afin de refléter la diversité et la complexité des situations, qui sont plurielles même au sein d’une même communauté linguistique. Le platt en est l’exemple parfait.
Dénomination des langues, statut, usages, alternance, intercompréhension…Le débat ne fait que commencer. Ne le fermons pas par une formulation trop restrictive qui ne concerne pas toutes les LR !
Merci.