Syndicalisation des agents de la police nationale

Sur la question de la syndicalisation des agents de la police nationale, il faut d’abord évacuer un faux débat : les policiers sont des agents de l’Etat qui rencontrent problèmes et difficultés dans l’exercice de leurs missions et ont des revendications. Il est donc légitime que des organisations syndicales regroupent et défendent ces personnels et que des syndicats de la FSU se posent la question de les syndiquer.
Pour autant, ce milieu professionnel tel qu’il a évolué et tel qu’il est aujourd’hui a des coordonnées pour le moins particulières.
L’évolution de ses forces syndicales depuis plus d’une vingtaine d’années est à l’image des évolutions profondes qui travaillent idéologiquement ce milieu professionnel. En effet, on est passé d’une situation où une fédération, la FASP, y régnait en maître, structurait le milieu sur une orientation social démocrate autour de la notion de « police républicaine » pour aller vite, à la situation actuelle, caractérisée par un émiettement syndical sur lequel un syndicat comme Alliance exerce une sorte d’hégémonie culturelle profondément réactionnaire et sécuritaire. On a entendu d’ailleurs récemment, le SG de SGP FO police déclarait que les Gilets jaunes mutilés par les forces de l’ordre « l’avaient bien cherché ».
On sait par ailleurs que le vote d’extrême-droite est fortement prégnant et majoritaire dans ce milieu professionnel aujourd’hui.
Alors justement peut-on se dire, celui-ci est une terre de conquête pour notre syndicalisme. Implantons-y un syndicalisme conforme à nos valeurs, contre-poids idéologique au syndicalisme réactionnaire ultramajoritaire actuel. Un syndicalisme qui articule défense des agents et défense des missions au service de l’intérêt général, qui défend les libertés individuelles et collectives de la population, qui articule enjeux de sécurité publique et enjeux démocratiques.
Toute la question c’est « existe-t-il cet espace syndical-là aujourd’hui ? ».
En effet il existe bien déjà un syndicalisme policier partageant nos valeurs et qui est porté par la CGT Police et Solidaires Intérieur. Force est de constater qu’il est ultraminoriataire.
Dans ce contexte si on peut se poser la question de la plus value qu’apporterait la FSU en s’y implantant, ce qui pour nous est essentiel et ce à quoi nous devons veiller collectivement, c’est que les syndicats de la FSU dans tous les champs professionnels où ils interviennent, y portent ses valeurs de syndicalisme de lutte et de transformation sociale progressiste.

Christian Navarro