Quand le réchauffement climatique vient percuter nos conditions de travail et les conditions d’apprentissage des élèves

Automne 2023, Mayotte doit faire face à une des plus importantes crises de l’eau potable de ces dernières années. Une sécheresse d’une ampleur inédite liée indéniablement au réchauffement climatique, couplée à une gestion catastrophique, conduit à mettre en place des restrictions d’accès à l’eau potable qui se traduisent par des coupures d’eau plusieurs jours de suite impactant gravement les écoles.

Hiver 2023. Les inondations touchent une fois encore les départements du Nord de la France. Là se sont des dizaines d’établissements qui sont fermés soit parce qu’inondés, soit parce qu’inaccessibles, soit parce que devenus insalubres à cause des pluies. La cause est connue depuis longtemps : bétonisation des berges, artificialisation des sols, constructions en zones inondables.

Deux situations récentes qui montrent en quoi le dérèglement climatique et les logiques de développement refusant la prise en compte des questions écologiques viennent percuter les conditions de travail de nos collègues et les conditions d’apprentissage de nos élèves.

Et le modèle de développement promu par le gouvernement ne peut que faire empirer les choses. Premier mauvais signal : le ministère de la transition écologique est enterré. La planification écologique et énergétique est à la charge du 1er ministre alors que l’énergie part à Bercy, preuve des priorités qui seront assignées à ce dossier. Lemaire s’en félicite car cela lui permettra d’accélérer la réindustrialisation du pays et la réalisation du programme nucléaire français.

Le gouvernement a en effet dévoilé fin décembre 2023 la première version d’un texte sur l’énergie qui doit être présenté en conseil des ministres d’ici à début février : outre l’abandon de l’objectif de rénover l’ensemble du parc immobilier, mesure pourtant jugée indispensable par les experts des questions environnementales, le texte n’indique pas d’objectif de part des renouvelables dans la consommation énergétique finale, et fait au contraire le choix du recours au nucléaire.

Super Gaby, dont la priorité est quand même l’éducation, a donc la capacité d’être en charge de la planification écologique et de la planification énergétique alors que ces deux portefeuilles seront à nouveau écartelés entre des ministères et des intérêts opposés… autant dire que la lutte contre le réchauffement climatique ne sera pas plus prise en compte. Certain·es d’entre nous continuerons à être sous l’eau pendant que les autres auront la pépie !

Lutter contre le réchauffement climatique n’est pas simplement s’adapter aux nouvelles conditions c’est aussi changer son mode de vie, et donc rompre avec une logique productiviste qui profite à certains au détriment des conditions de vie du plus grand nombre..

La mobilisation contre la loi pour la souveraineté énergétique relève d’une importance capitale dans les mois à venir. Les mouvements sociaux et syndicaux ont un rôle essentiel à jouer pour formuler des perspectives de mobilisations autour de ces enjeux, sans attendre les prochaines catastrophes climatiques. Le débat sur les questions environnementales est déjà entré dans les écoles puisqu’elles sont touchées.

La FSU-SNUipp de son côté et au sein de la FSU, tout en participant et en initiant les actions climat, doit porter des exigences fortes et demander des mesures immédiates pour l’Ecole, mais aussi populariser ces thématiques auprès de la profession. Quand les incidences du dérèglement climatique sont vécues directement dans les écoles, l’engagement de toutes et tous dans la mobilisation contre les politiques qui le provoque est plus que nécessaire.