Privons le privé de ses privilèges

  • intervention de la SD 44 au CDFN de janvier 2024, faite par Bernard Valin –

Nous avons trop longtemps refusé de nous attaquer frontalement à la question de l’enseignement privé sous contrat. Les prétextes étaient nombreux : sujet daté, aucune chance de l’emporter, souvenir de la défaite du projet de loi Savary voulant créer un grand service public unifié et laïque de l’éducation nationale, difficulté à faire la synthèse …

Mais, AOC est arrivée et le sujet s’est emballé faisant la une de la presse nous obligeant à travailler cette question unitairement et à en faire de nouveau une priorité.

Ses déclarations sur l’enseignement privé n’ont surpris personne dans l’ouest de la France en général, dans l’académie de Nantes en particulier car nous sommes confronté·es depuis des décennies à un fort dualisme scolaire. Dans l’académie de Nantes, ces dernières années, la quasi totalité des ouvertures dans la voie professionnelle, LP et lycées agricoles confondus, se sont faites dans le privé (LP ou MFR) renforçant le poids de ce dernier. Le poids du patronat est toujours plus important car il truste via l’alternance nombre de formations qualifiantes qui, n’ont pas ou plus leur place dans les lycées publics. 

À cette omnipotence du privé, il convient de rajouter les autorisations à recevoir des élèves boursiers pour des écoles hors contrat que sont les écoles de production dans toute l’académie, autorisations actées par la rectrice. Les annonces de Macron sur la formation au plus près des métiers sous tension renforcent l’adéquationnisme et le poids du patronat. Les départements de Vendée et de Maine-et-Loire pour les collèges privés et de la Région Pays-de-Loire pour les lycées privés accordent généreusement la totalité de la subvention demandée. L’état se désengage de ses obligations dans les territoires sous prétexte que des formations privées existent. Ce recul est inacceptable car cela se fait au détriment des élèves issu·es des classes défavorisées qui n’ont pas accès à une offre d’orientation conséquente dans les lycées publics.  

AOC, malgré elle, a montré que le fonctionnement des établissements privés sous contrat n’était possible qu’avec les subventions publiques, que le privé se gave de ces subventions. Il n’est pas difficile d’imaginer ce que nous pourrions faire dans les écoles et établissements publics avec toute cette manne financière. La suite, si nous ne nous y opposons pas, est connue, l’école public pour les élèves issu·es des classes sociales défavorisées, l’école privée payée par les contribuables pour les riches. 

Il est urgent que la FSU, en plus de la démission d’AOC, ministre indigne de sa fonction, demande au gouvernement, dans une unité la plus large possible, que cette gabegie financière cesse.

Et donc conformément à nos mandats votés au congrès de Metz, nous devons continuer d’exiger l’abrogation de toutes les lois favorisant et organisant le financement de l’enseignement privé. La FSU s’oppose au dualisme scolaire et à toutes les tentatives d’affaiblir le service public d’Education au profit du secteur privé dans la perspective de la nationalisation de l’enseignement privé sous contrat. Et ce sans indemnité ni rachat.