Marguerite Poulain (Montpellier)
J’interviens sur les formations laïcité qui sont abordées au paragraphe 12.
Ces formations posent plusieurs problèmes qui rendent impossible leur défense en l’état actuel.
Tout d’abord, ces formations tendent à manquer de contenu scientifique, interrogent sur les objectifs poursuivis, peuvent susciter un malaise du fait de la posture de certains encadrants et un sentiment de décalage par rapport aux questionnements réels des collègues. En effet, certaines activités sont infantilisantes. Pourtant, les travaux de recherche sur le décolonialisme, l’interculturalité, l’ethnocentrisme pourraient enrichir le contenu de ces formations et outiller les enseignant.es pour faire face aux réalités complexes auxquelles ils/elles sont confronté.es dans leur pratique professionnelle.
Deuxièmement, les trois piliers de la loi de 1905 ne sont pas toujours rappelés. A savoir la séparation (des Églises et de l’État), la garantie (de la liberté de culte) et la neutralité (des autorités publiques). Or, la laïcité est d’abord un principe visant à organiser les rapports entre l’État et les cultes. Dans le cadre scolaire, ce principe ne doit pas conduire à des stigmatisations (en particulier vis-à-vis des élèves musulmans et notamment les filles) induites par une certaine lecture de la loi de 2004 et de la note de service de 2023.
Enfin, dans ces formations, les enseignants et enseignantes doivent trouver un espace de réflexion critique et pas seulement être exposé.es à une forme de catéchisme autour des « Valeurs de la République » tel que Blanquer le concevait en 2021 quand il a dit que les profs devaient «adhérer aux valeurs de la République et les transmettre», ou sinon, «sortir de ce métier».