Marie HAYE et Julie Schmitt (secrétaires nationales)
Cher·es camarades,
Ce congrès s’ouvre après deux ans de pandémie, et alors que la guerre vient frapper à nos portes. Poutine, qui a brandi la menace nucléaire, entend montrer la puissance de la Russie en écrasant la population ukrainienne. L’Europe et les Etats-Unis intensifient leur aide militaire à l’Ukraine.
La semaine dernière, un projet de la Cour suprême des États Unis fuitait, qui renvoie à chaque État la possibilité de décider de rendre l’IVG illégale. Le SNES-FSU doit être partie prenante des mobilisations contre ce projet. En France, des associations féministes revendiquent l’inscription dans la constitution du droit à l’avortement, qui est régulièrement contesté ici aussi, notamment par l’extrême droite.
Une extrême droite sexiste, raciste, anti démocratique, anti sociale, qui vient d’accéder pour la 3ème fois au 2nd tour de la présidentielle et progresse électoralement, y compris dans nos milieux.
Ce sont les politiques ultralibérales que Macron a menées dans la continuité de ses prédécesseurs, produisant de la désespérance sociale, aggravant les inégalités, divisant la société, qui favorisent la progression continue du RN.
Le péril n’est pas derrière nous. Le SNES-FSU a la responsabilité d’informer sur ce que fait concrètement l’extrême droite quand elle est au pouvoir. Pour cela il faut continuer à nous impliquer et renforcer les cadres intersyndicaux existants, notamment VISA.
Macron a été réélu, mais nous sommes loin de l’enthousiasme qu’il suscitait chez certaines et certains en 2017. Et surtout, la séquence des présidentielles a vu émerger une volonté de rupture avec le libéralisme et les politiques écocides, redonnant espoir dans la capacité du mouvement social à construire le rapport de forces nécessaire.
Il y a urgence : la réélection de Macron sonne comme une menace dans de nombreux domaines :
• menace sur l’environnement d’abord. Malgré ses promesses, Macron a piétiné l’Accord de Paris. L’État français a même été condamné pour « préjudice écologique ». Mais Macron n’entend pas changer de cap avec ses mini centrales, présentant le nucléaire comme une énergie propre et sans danger.
• menace sur les droits ensuite, dont celui de se mobiliser. Ce n’est pas notre camarade Olivier Sillam qui dira le contraire, les violences policières lors des manifestations ou des mouvements lycéens comme celui de Mantes-la-Jolie ou du Lycée Bréquigny de Rennes sont une réalité. Or, la grève et la manifestation sont nos outils de lutte. Le SNES-FSU doit donc prendre cette question stratégique à bras de corps.
• La première bataille que mènera Macron sera la destruction de nos retraites. Construisons un front unitaire contre ce projet. Les organisations représentatives au niveau interprofessionnel et Solidaires ont déjà dit leur disponibilité.
• Du côté des services publics, Macron promet une mise en marché de l’humain, doublée d’un véritable massacre professionnel pour les agentes et agents.
• L’Éducation ne fait pas exception. Dans cette école libérale, l’activité enseignante est réduite à appliquer des pratiques standardisées pour enseigner des contenus réducteurs, et à évaluer les élèves pour les trier en vue d’une insertion professionnelle plus ou moins rapide. Dans cette école du libéralisme, enseigner, c’est obéir à l’ordre capitaliste, et en premier lieu aux hiérarchies qui veillent à sa sauvegarde. Les 6 de Pasteur, après les 4 de Melle, en savent quelque chose.
La réélection d’un ultralibéral à la présidence, la progression des idées d’extrême droite, mais aussi l’émergence d’une force politique alternative à gauche, nous obligent. Ce congrès doit être l’occasion de mettre le SNES-FSU en situation de continuer de peser.
Dès maintenant, menons campagne pour défendre à la fois notre statut et l’École émancipatrice que nous portons. Ces deux combats se nourrissent : c’est notre vision de l’École qui justifie la défense de notre statut. Ces campagnes devront donc être dirigées vers nos collègues, mais aussi vers les usagères et usagers, dont nous devons faire nos allié·es.
Contribuons à politiser la question sociale. Indépendance n’est pas neutralité, nos statuts le disent. Je cite : « Le SNES a pour objet […] de défendre, de développer, d’améliorer et de démocratiser le système éducatif public. [Il] œuvre pour une école émancipatrice […]. Le but final du syndicat est l’émancipation complète des travailleurs, cette émancipation ne pouvant être obtenue que par l’expropriation capitaliste. »
Pour l’École Émancipée, ce qu’a fait la FSU avant la présidentielle est à rééditer : dans le cadre des législatives, il faut appeler nos collègues à aller voter d’abord. Sans donner une seule voix à l’extrême droite ensuite, et contre les politiques ultralibérales, incompatibles avec nos valeurs et revendications, qu’il faut marteler. C’est promouvoir notre vision de ce que devraient être le monde, les Services Publics, l’École. C’est annoncer la couleur et notre volonté de construire des mobilisations pour transformer la société, quelle que soit l’issue des législatives.
Profitons de la période, d’ici à l’été, pour nouer des alliances et préparer un puissant mouvement social unitaire, inscrit dans la durée, qui fera de la transition écologique et de l’égalité, des éléments incontournables. L’égalité, c’est la défense des conquis sociaux, le renforcement des services publics, la hausse des salaires, pensions et allocations, la lutte contre le racisme, pour les droits des personnes LGBT, l’égalité entre les femmes et les hommes.
Le nouvel outil syndical sur lequel nous nous sommes engagé·es au congrès de Metz sera d’une grande aide. Le SNES-FSU aura un rôle important à jouer dans sa concrétisation.
Pour l’École Émancipée, dans cette période si particulière, ce congrès est un vrai point d’appui pour impulser ces nouvelles dynamiques, et le SNES-FSU, comme syndicat majoritaire dans son champ, pluraliste et démocratique, un bon outil pour relever ces défis.
Alors à toutes et à tous, bon congrès !