Par Emilie Moreau
La période est morose tant les crises perdurent et s’amoncèlent rendant complexe toute nouvelle mise en action des travailleurs et travailleuses.
La crise démocratique s’est installée avec le passage en force de la réforme des retraites malgré une victoire morale du syndicalisme ou encore les passages en force des projets de lois de finances à coup de 49-3.
La crise sociale s’accentue mois après mois avec des salaires qui ne suivent pas l’inflation. Et les conséquences de l’augmentation du coût de la vie sont d’autant plus fortes pour les plus précaires qui sont majoritairement des femmes.
La crise climatique dont les effets se font toujours plus ressentir dans le monde comme en France. Sècheresses, canicules, tempêtes, inondations se succèdent à un rythme impressionnant sans que la transition écologique n’apparaisse comme une évidence aux dirigeants politiques.
Alors que plusieurs guerres sévissaient déjà, et pas seulement en Ukraine… la période s’est encore assombrie depuis le 7 octobre dernier. Les massacres atroces des civil·es et les prises d’otages perpétrés par le Hamas ont entrainé une guerre menée par Israël méprisant totalement les règles internationales sur les conflits armés. Les opérations militaires israéliennes, la colonisation encore renforcée en Cisjordanie, les bombardements de Gaza dont le blocus est désormais total, ont des conséquences humanitaires chaque jour plus dramatiques.
Il est indispensable d’obtenir un cessez-le-feu immédiat, la libération des otages et des prisonniers mais aussi le respect du droit international et des résolutions de l’ONU.
La FSU doit continuer d’agir, dans le cadre le plus large possible pour une paix juste et durable en Palestine, et contre tous les racismes en France.
Les conséquences de ce conflit dépassent les frontières de la Palestine : l’équilibre de la région est menacé, les actes antisémites en France se sont accrus.
Moins attendues, ce sont les conséquences sur le paysage politique français avec d’une part une fragilisation de la gauche et d’autre part une nouvelle étape de normalisation du rassemblement national avec sa présence le 12 novembre dans la manifestation contre l’antisémitisme.
Manifestation, soit dit en passant, à laquelle nous avons bien fait de ne pas participer, on ne manifeste jamais avec l’extrême droite.
Cette recomposition du jeu politique, où le RN serait devenu un parti respectable et où les partis de gauche ne le seraient plus, est l’œuvre de Macron qui souhaite décrédibiliser, voir même diaboliser, la gauche afin de neutraliser la seule réelle opposition à sa politique libérale au profit des plus riches.
Pour l’école émancipée, il n’est pas question de laisser l’extrême droite, diffuser, développer ses idées nauséabondes jusqu’aux prochaines élections présidentielles tout en espérant éviter le pire grâce à un nouveau sursaut dit républicain.
Il est urgent de combattre, par tous les moyens, ses idées libérales, patriarcales, sexistes, racistes, antisémites… Il nous faut agir dès maintenant.
Agir en déconstruisant ses discours auprès de nos collègues avec visa et toutes les associations et organisations syndicales voulant s’engager dans ce travail.
Agir aussi pour redonner espoir en une société plus juste, plus solidaire, plus durable.
Dans le secteur de l’Educ, où la FSU est en responsabilité, les changements de ministres se font sans changement dans les politiques menées renforçant l’école du tri social : réduction des postes dans les premier et second degrés, maintien de la réforme de la voie pro, retour aux fondamentaux, contrôle accru des pratiques professionnelles, nouvelle réforme de la formation initiale censée résoudre les problèmes d’attractivité du métier…
Pour contrer tous ces projets néfastes pour l’école publique, il nous faut mener campagne auprès des personnels, rendre visible notre projet pour une école émancipatrice, porter la professionnalité des personnels qui font l’école, campagne qui devra déboucher sur une grève.
Au niveau Fonction publique, c’est une campagne sur les salaires qui est nécessaire. Il nous faut montrer que les agent·es publics subissent des pertes de pouvoir d’achat et ce depuis plusieurs années, pertes accentuées par la revalorisation de la valeur du point d’indice en-deçà de l’inflation de ces derniers mois. Montrer que la précarité ça existe aussi dans la Fonction publique, tout comme les inégalités salariales entre femmes et hommes. Bref, une campagne déterminée pour que les personnels s’investissent et se projettent dans la grève.
Mettre en avant nos revendications, redonner confiance en l’action syndicale, dans sa capacité à améliorer les conditions de travail, c’est le rôle essentiel de notre syndicalisme de transformation sociale dans cette période difficile.
C’est dans ces moments-là, plus que jamais, que les salarié·es ont besoin d’organisations syndicales déterminées, leur permettant de reprendre espoir dans la lutte collective.
Les mauvais jours auront une fin et c’est notre syndicalisme qui doit permettre aux salarié·es de la construire.