- Intervention de l’école émancipée au conseil national de la FSU-SNIPP du 29/08/2023 par Céline Sierra –
Changement de ministre mais pas de politique d’un président qui s’impose en super ministre de l’éducation nationale. Malgré un profil plus politique et une aisance dans la communication, Attal est cantonné à la même place que son prédécesseur : assurer l’explication et la mise en œuvre des visions idéologiques de Macron. De façon méticuleuse, l’éducation nationale comme les services publics sont instrumentalisés pour maintenir l’ordre social au service du libéralisme.
La FSU-SNUIPP forte d’être, le premier syndicat du primaire, doit s’imposer comme principale opposante au gouvernement et mener l’affrontement face aux différents fronts révélés par les dernières annonces et décrets.
Nous battre contre le front inégalitaire porté par le resserrement jusqu’à étouffement les programmes aux fondamentaux, la primarisation d’apprentissages imposée à la maternelle, l’externalisation du traitement de la difficulté en dehors du temps scolaire commun à toutes et tous, un temps de vacances impensés et restreint pour les enfants des classes populaires et un élargissement des évaluations standardisées instaurant le stress du classement comme norme scolaire. Tout cela organise le tri des élèves, permet d’ancrer les inégalités en donnant accès à des savoirs différenciés selon son origine sociale et sa connivence avec l’école.
Nous battre contre le front réactionnaire instauré par le Ministère et relayé médiatiquement : expérimentation de l’uniforme, instruction civique en lieu et place de l’EMC, mise en avant du besoin d’autorité des enseignantes et enseignants, décret sur le harcèlement qui permet d’exclure en lieu et place d’un traitement de fond de cette problématique bien réelle. Là encore ce seront bien les élèves les moins connivents avec les codes scolaires qui souffriront davantage de ces réglementations qui humilient, avilissent, asservissent.
Nous battre contre le front managérial qui se poursuit : deuxième session d’évaluation d’école, mise en œuvre du pacte, attribution des crédits du CNR aux projets « innovants » vivement critiqués par un rapport du sénat. Non seulement ces mesures, même si elles vont donner un peu d’air en début de mois, n’ont rien de la revalorisation annoncée mais elles vont diviser les personnels, abîmer d’avantage les collectifs de travail, défavoriser les femmes et aggraver la concurrence entre les personnels.
Nous battre contre le front autoritaire qui impose les « bonnes pratiques », les « méthodes », les manuels, méprise la pédagogie et la didactique et fractionne les équipes puisque les directeurices ont maintenant une autorité sur l’ensemble des personnes de l’école. Il nous faut d’ailleurs rapidement décrypter cette soit-disant autorité pour qu’elle ne puisse pas s’imposer. A rebours de la possibilité pour les personnels d’acquérir une formation leur permettant de mettre en œuvre des pratiques pédagogiques qui profitent à toustes les élèves, Blanquer, N’Diaye et maintenant Attal n’offrent aux enseignant·es qu’une formation étriquée réduisant ainsi la liberté pédagogique et retirant aux enseignant·es la possibilité de chercher, de penser et d’élaborer leur métier.
Lutter collectivement pour l’émancipation et la réussite de l’ensemble des élèves comme pour nos métiers et nos conditions de travail, c’est lutter sur tous les fronts en même temps en rendant visible la cohérence du projet qu’on tente de nous imposer. Nous devons étoffer notre maillage de syndiqué·es pour que l’analyse et les revendications de la FSU-SNUipp outillent et mobilisent les collègues. Ce travail syndical de terrain est une des pierres des mobilisations que nous devons construire dans notre champ professionnel.