Nos priorités éducatives / pour aider Élisabeth Borne à trouver ses ministres de l’éducation

Par Mary David

Madame la première ministre, chère Élisabeth Borne, pour t’aider à constituer ton gouvernement, nous avons préparé une petite liste des priorités concernant l’éducation, dont tu pourras t’inspirer pour recruter tes ministres de l’éducation et de l’enseignement supérieur et de la recherche :- premièrement, il faut chercher des gens qui arrêtent de dénigrer et d’insulter les professionnel·les de l’école et de l’université – merci d’avance ;- ensuite, il faut arrêter de nier la grave crise de recrutement que nous vivons, prévoir des concours exceptionnels à l’automne et revoir entièrement la formation des enseignant·es et CPE mise en place depuis 2 ans ;- les élèves et les étudiant·es ont été en partie privé·es d’enseignement lors des confinements, et ils et elles rencontrent des difficultés d’apprentissage significatives, aggravées encore par les réformes de Blanquer et Vidal. Pour les élèves, donc, il faut plus d’école, et pas moins, c’est-à-dire qu’il faut des enseignant·es partout, il faut prévoir de remettre des heures d’enseignements là où les réformes en ont enlevé ;- évidemment, cela signifie qu’il va falloir réellement dépenser de l’argent pour l’école et pour le supérieur, bien au-delà des 12 milliards d’euros par an annoncés par Macron, qui sont la moitié de ce qu’il faudrait pour rétablir l’effort de financement de l’état à son niveau d’il y a 25 ans (si la France consacrait la même part de son PIB à la DIE qu’en 1996, le budget consacré à l’éducation serait plus élevé de 25 milliards d’euros) ;– il faut aussi arrêter de massacrer la voie professionnelle, y remettre des heures d’enseignement – notamment d’enseignements généraux – , y défendre à nouveau les diplômes contre le tout compétences et les certifications, renforcer la formation sous statut scolaire et arrêter la course au développement de l’apprentissage ;- pour tes futur·es ministres, il faut en recruter qui soient capables de faire réellement confiance aux professionnel·les de l’école que nous sommes, et une confiance qui ne soit pas seulement déclarative ;- cette confiance doit se traduire concrètement par une augmentation des salaires, via l’indiciaire et non via des primes individualisées qui nous mettent en concurrence (comme on le voit dans le supérieur avec le RIPEC) ;- pour le lycée général, il ne faut pas seulement remettre une petite louche de mathématiques , juste après avoir sabordé cet enseignement en particulier et le lycée en général, mais il faut abandonner la réforme Blanquer du bac et revoir en profondeur ce niveau d’enseignement qui est désormais crucial dans la démocratisation scolaire ;- il faut également arrêter le resserrement sur les « fondamentaux », c’est-à-dire des savoirs réduits à la finalité de  l’employabilité ; il faut remettre en cause l’individualisation des parcours et des apprentissages qui participent de l’augmentation des inégalités scolaires. Les fondamentaux du libéralisme ne sont pas les nôtres (des savoirs complexes qu’il est fondamental de maîtriser), il s’agit de savoirs réduits et envisagés dans une unique dimension utilitariste, celle de l’employabilité.


Voilà pour cette première liste de priorités, que nous te permettons sans difficulté de copier. Et pour le cas où tu ne le ferais pas, ce qui est fort probable vu les propos de Macron avant et après sa réélection, nous continuons la bataille de conviction auprès des parents, de la société plus largement et des médias, pour montrer les effets néfastes de la politique menée depuis 5 ans, et plus largement depuis 20 ans. Et nous continuons à construire le rapport de force dans l’éducation nationale et dans le supérieur et à élever le niveau de conflictualité.


PS : si tu as des nouvelles de Frédérique Vidal, préviens-nous, nous sommes un peu inquiet·es après des mois sans nouvelles…