- intervention de l’école émancipée au CDFN de janvier 2024, faite par Céline Sierra –
Depuis 2017, les ministres de l’éducation nationale successifs, Blanquer en tête, organisent l’école du tri social, dans laquelle l’ensemble des savoirs ne sont plus à acquérir par toustes les élèves. En cela, la macronie fait aboutir l’œuvre de Fillon qui en son temps rêvait de faire du socle commun l’instrument de cette école à deux vitesses, sans toutefois l’assumer complètement. Depuis, des digues ont sauté. L’ école de la macronie bénéficie aux plus riches. Toutes les mesures vont dans le même sens, de Parcoursup aux évaluations nationales annuelles standardisées, de la réforme du lycée pro au resserrement, qui est en fait un étranglement par les fondamentaux. Tout concourt à l’organisation de l’école ségréguée, même plus sous couvert d’un discours de réduction des difficultés : la corrélation des inégalités scolaires et sociales est naturalisée. Aux élèves qui réussissent, issu·es dans une écrasante majorité des milieux favorisés (si l’on excepte les enfants de prof·es), les savoirs complexes et les études longues, si possible dans le privé. Aux élèves en difficulté, issu·es dans une écrasante majorité des classes populaires, des apprentissages étriqués et une éviction la plus précoce possible de l’école vers l’employabilité. Les mesures du choc des savoirs annoncées par Attal parachèveront ce processus. Tout est organisé pour réduire les pratiques enseignantes à l’exécution de tâches prescrites directement dans les programmes scolaires et les manuels labellisés, réduire les pratiques au tri sélectif des élèves par l’analyse des évaluations standardisées généralisées définissant les groupes de niveau bientôt dans toutes les classes.
Notre nouvelle ministre qui avait peur que ses enfants ne puissent pas se faire d’ami·es leur ressemblant, a préféré les scolariser dans un établissement raciste, sexiste, homophobe à l’idéologie d’extrême droite. Il doit être déconventionné, nous devons le demander. C’est finalement elle qui, par ses mensonges et ses passe-droits, donne un coup de projecteur sur l’articulation entre le maintien des inégalités scolaires et sociales et la politique scolaire réactionnaire parallèlement menée. Là encore, toustes se sont employé·es, depuis 2017, à la mise au pas de la jeunesse populaire par la réduction de ses libertés. Souvenons nous de Blanquer, de sa laïcité islamophobe et de sa campagne antiwoke ou plus récemment des mesures d’Attal d’interdiction de l’abaya, de choix d’exclusion pour répondre aux problématiques de harcèlement et maintenant du port de l’uniforme. L’annonce de Macron sur sa généralisation prochaine comme réponse à la précarité vestimentaire est, comme le SNU un marqueur idéologique fort de la mise au pas. Macron et son gouvernement sont en guerre contre les plus défavorisé·es dont ils veulent maintenir l’assujettissement à commencer par les enfants. Il veut faire des enseignant·es les bras-armés de cette politique de ségrégation et d’exclusion.
La FSU doit poursuivre son travail de conviction qu’une mobilisation pour l’école est possible qu’elle doit se faire contre les politiques en place. Nous savons que le rapport de force doit se construire au-delà du premier février et les cartes scolaires, les DHG, doivent être des temps forts de mobilisations unitaires y compris en appelant de nouveau les collègues à être en grève. La FSU, en tant que fédération majoritaire de l’EN, doit donner des perspectives à l’ensemble des personnels de l’éducation nationale qui la porte comme un service public de la réussite de toutes et tous. Revendiquons clairement et unitairement le besoin de justice scolaire, d’une école de l’émancipation plutôt que celle assujettie aux idées réactionnaires, et l’utilisation de l’argent public pour les services publics dont l’école. Ne reculons pas à énoncer, face au mépris d’Amélie Oudéa-Castéra, notre volonté de nationalisation de l’école privée. Réclamons la démission d’AOC puisqu’elle fait consensus dans toutes les salles des profs, des maîtresses, pour tous les personnels du service public d’éducation nationale. Son départ serait perçu, à juste titre, comme une première victoire en appelant d’autres, qui nécessitera de faire front, le plus unitairement possible, pour porter des alternatives émancipatrices aux politiques menées. La participation active de la FSU dans les cadres unitaires du type de celui initié par l’AFEF est plus que jamais nécessaire.