« Le sommeil de la raison engendre des monstres »

  • intervention de l’école émancipée au CDFN de janvier 2024, faite par Antoine Vigot –

« Le sommeil de la raison engendre des monstres » L’adage en exergue d’une célèbre gravure de  Goya, peintre des  puissants de son monde et des horreurs des guerres napoléoniennes. Que se passe-t-il quand la raison s‘endort ?  Quand le processus de fascisation, souvent en germe, s’accélère sous l’effet des crises, qu’il précipite et cristallise ? La réponse à cette question n’est pas théorique, au vu de l’actualité française. Si aucune situation n’est comparable terme à terme, la situation à l’international donne malheureusement quelques exemples, de l’Inde de Modi, à la Russie de Poutine…. 

Deux autres exemples: 

Israël où la fascisation du pouvoir, soutenu par les milices de colons, entraîne le déchaînement de violence à Gaza et plonge la région dans une guerre au bilan horrible. Nous en avons beaucoup parlé. L’enjeu est désormais à la caractérisation de l’horreur, et e me contenterai de reprendre les mots de l’éditorialiste de Haaretz Gideon Levy, qui tentait il y a quelques ours d’interpeller la société israélienne avec ces termes « Si ce n’est pas un génocide , alors qu’est-e que c’est ? « . Il est important que la CIJ puisse se prononcer et le refus de la diplomatie de Macron de soutenir l’Afrique du Sud, quand  avec de nombreux pays elle ose interpeller la justice internationale, est scandaleux. Les revendications de cessez le feu, de soutien aux initiatives diplomatiques citées, de sanctions contre Israël sont à promouvoir fortement : c’est ce qu’essaie de faire le collectif national pour une paix juste et durable. La FSU doit continuer à s’engager avec lui, la prochaine date importante de mobilisation sera le 10 février prochain.  

L’Argentine, où c’est un autre type de guerre, sociale,  contre les travailleuses et travailleurs que mène Javier Milei depuis son élection en Argentine en novembre 2023/ Le nouveau pouvoir attaque de façon fondamentale les piliers d’une démocratie sociale et réprime le mouvement social. 

Avec un choc austéritaire de 18,5 milliards de $ de coupes et un choc inflationniste 5+ 30 % en un mois, 211 % en 2023 avec par une dévaluation sans précédent de la monnaie. 

Avec un « décret de nécessité et d’urgence » (DNU), qui modifie ou abroge plus de 300 normes touchant au droit du travail, à l’encadrement des prix et des loyers, ou encore le licenciement net de 5000 fonctionnaires à la privatisation des entreprises publiques, des clubs de sports ce qui constitue une attaque contre la culture populaire), la baisse de la fiscalité de 35 % à 25 % sur les grand groupes, le passage des droits de succession à 0,5 % . 

Avec une loi « omnibus » « Repères et fondements pour la liberté des Argentins »: 662 articles instaurant « un état d’urgence » et prévoyant le transfert des pouvoirs du parlement à Milei pour une durée de deux ans renouvelable une fois, soit 4 ans au total. La loi attaque aussi les droits des femmes (remise en cause de la parité, menaces sur les laboratoires publics fabriquant les contraceptifs et pilules abortives, précarisation accrue de l’emploi pour les services à la personne)  Mais c’est bien l’instauration d’une dictature qui se joue quand le projet de loi menace d’interdire les réunions de plus de trois personnes et qu’ au début du mois, Milei a organisé une purge de l’armée, en mettant à la retraite 22 généraux et 16 amiraux et en confiant l’état major à l’armée de l’air, réputée moins proche du péronisme.  En parallèle le protocole Bullrich, du nom de la ministre de l’intérieur, attaque de front les travailleurs : suspension des allocations et aides sociales en cas de participation à un piquet de grève, criminalisation de l’action syndicale dont les organisations sont confrontées à des amendes de millions de $ en cas de blocage…

Alors que le projet de loi omnibus doit être débattu au congrès argentin, la solidarité internationale est d’autant plus cruciale que pour toutes les extrêmes droites , l’Argentine de Milei est scrutée comme un laboratoire pour une stratégie du choc. Le mouvement social argentin résiste avec la CGT et les CTA . La solidarité mondiale s’organise : Jeudi 18 janvier un meeting a rassemblé des 185 syndicalistes d’Europe, d’Afrique et des Amériques. Demain 24 janvier une journée de grève générale est appelée en Argentine, dans de nombreuses capitales des rassemblements de solidarité vont avoir lieu.  A Paris ce sera devant l’ambassade d’Argentine. Soutenons les ! Demain au CDFN, par notre expression, au rassemblement et inlassablement dans les semaines à venir pour construire une solidarité internationale antifasciste.