Le 30 octobre, Macron a déclaré que « Le masculin fait le neutre, on n’a pas besoin d’ajouter des points au milieu des mots pour rendre la langue française lisible », alimentant la fronde outragée et réactionnaire cyclique contre un langage égalitaire. Alors que de récentes études montrent que le cerveau n’entend pas le masculin comme un neutre, cet entêtement d’invisibilisation des femmes en dit long sur sa vision patriarcale. Ce discours légitime les rapports de domination et d’exploitation qui se perpétuent depuis la nuit des temps.
La violence s’exerce aussi dans la langue qui est l’instrument permettant de construire nos représentations. Nier ces violences c’est exercer sur les femmes une violence supplémentaire. Alors qu’elles en subissent déjà de multiples : famille, école, travail, sphère sociale, espace public…
Pour autant, pensez que partager des valeurs féministes suffirait à nous protéger de ces violences structurelles est un leurre. Le milieu militant n’échappe évidemment pas à cette violence comme en témoignent les nombreuses affaires de violences sexistes et sexuelles dans des organisations progressistes médiatisées ces dernières années. Ces violences sont la résultante d’une construction sociale, intégrée, qui débute avant même la naissance et à laquelle aucun·e d’entre nous n’échappe, malgré des valeurs féministes partagées.
Notre organisation qui syndique une large majorité de femmes doit leur donner les moyens de prendre conscience de toutes les formes de violences et oppressions subies et, avec leurs alliés, de lutter contre. Nous devons nous placer résolument du côté des opprimées et être pro-actifs·ves dans cette lutte contre toutes les formes de violences.
Et l’école, lieu de socialisation et d’éducation de toustes les enfants a évidemment son rôle à jouer. Alors que selon l’association face à l’inceste 2 à 3 enfants de chaque classe de CM2 auraient déjà été victimes de violences sexuelles, une véritable éducation à l’égalité, à la sexualité et à la vie affective, est indispensable.
Il faut se battre pour exiger qu’elle devienne effective. Exiger que les personnels soient formé·es et accompagné·es dans cette voie. D’autant plus au moment où les réactionnaires et obscurantistes mènent une fronde contre l’école pour l’empêcher.
Dans le monde du travail, 1 femme sur 3 dit avoir déjà subit du harcèlement sexuel, l’éducation nationale n’en est pas exempte. Il est urgent de mettre en évidence les chiffres des violences au travail, d’informer les personnels, de former les militant·es à l’accompagnement des victimes et surtout d’obliger les employeurs à prendre leurs responsabilités pour que l’impunité des agresseurs cesse.
Nous devons aussi former les militant·es pour déconstruire les idées reçues, en développant notre vigilance collective et en construisant notre expertise sur ces sujets. Nous donner les moyens de nous engager pleinement dans le combat long et difficile pour l’égalité.
Le 25 novembre prochain, journée internationale d’éradication des violences faites aux femmes, ne doit pas être un 25 novembre de plus mais constituer une étape de mobilisation importante pour engager avec les personnels une dynamique de construction d’un mouvement plus large et plus profond pour parvenir à la construction de la grève féministe.