Acte 2 de l’école inclusive : une (contre-)révolution de trop qui exige une riposte active pour ladémocratisation scolaire.

Nous le savons, le principe d’éducabilité de toutes et tous les élèves est mis à mal depuis plus de quinze ans : RASED amputés et décimés, entraînant la fin programmée des aides dans les écoles, PDMQDC abandonnés, CMPP et CMPEA démantelés, fin programmée des aides dans les écoles et des soins de proximité dans les communes… Ce sont les capacités de prévention, d’adaptation et d’accompagnement de l’école qui sont volontairement diminuées.
L’institutionnalisation de la médicalisation de la difficulté scolaire, l’essentialisation du « trouble », l’individualisation du « traitement », traduisent la volonté libérale d’externaliser la prise en charge des difficultés scolaires et d’invisibiliser les inégalités sociales.
L’acte 2 de l’école inclusive, dite « seconde révolution culturelle »*, marque l’aggravation sans précédent de la situation : par la mise en place de dispositifs et de démarches soit disant « simplifiées », c’est la fin de l’accès garanti à l’inclusion et le creusement des inégalités entre les familles riches et celles des quartiers populaires, qui ne maîtrisent pas tous les codes.
La disparition programmée des Établissements Sociaux et Médico Sociaux qui garantissaient dans des cas bien précis le « faire école » sans distinction de classe, va laisser la place à des aides financières ponctuelles gérées par la CAF ou des associations pour l’accès aux soins. L’expérimentation des cent PAS (Pôles d’Appui à la Scolarité) en remplacement des PIAL marquera le début du retrait des prérogatives des MDPH actuellement seules garantes l’analyse et de décisions pluri-professionnelles, pour les confier à des entités délocalisées soumises à la pénurie et au rapport de force instauré par certaines familles.
Déjà aujourd’hui, celles qui ont les codes et les ressources arrachent leurs droits par le biais de recours et du TA. Le gouvernement légifère désormais pour généraliser cette logique inégalitaire, laissant pour les familles les plus précarisées, au pire, un service de garderie, au mieux un semblant de socialisation pour leurs enfants, sans ambition pédagogique. Dans les deux cas, c’est la possibilité d’apprentissages dont on prive ces élèves.
Concernant les PIAL -à terme substitués par les PAS- Macron annonce « la possibilité de donner plusieurs enfants à des AESH et de les faire travailler en plate-formes, qu’on continue de développer, qu’on va développer, systématiser». Le nec plus ultra du néolibéralisme pour des élèves en situation de handicap embarqué.es dans des plateformes logistiques !
Face à cette catastrophe en marche accélérée qui soulève l’indignation des organisations de parents et dont nos collègues déjà en perte de sens du métier ne saisissent pas l’ampleur, la FSU-SNUipp doit prendre ses responsabilités.
Nous avons les outils pour alerter la profession de ce changement radical de paradigme de l’inclusion scolaire : déployons la campagne ULIS, les enquêtes ESMS, organisons les États généraux pour alimenter nos revendications, décrypter les annonces et défendre notre projet.
Démocratiser l’école passe par la rupture ouverte avec ces politiques inégalitaires et régressives. Avec l’engagement des personnels de l’école et des parents d’élèves, une autre inclusion est possible. La FSU-SNUipp doit en être à l’initiative.

Sources : discours de Macron en ouverture de la CNH du 26/04/2023 et * Charlotte KOBEL (secrétaire d’état), en ouverture du colloque de l’APAHJ (elle a même parlé de « mue culturelle » où « toutes les expertises sont au service de l’égalité des chances »