Mobilisation retraites : visuels, prises de parole, photos…

Elle venait d’avoir 60 ans/il venait d’avoir 18 ans

Elle venait d’avoir 60 ans

Elle était belle ma p’tite maman Comme une daronne

C’était avant évidemment

La succession d’gouvernements Avant c’t automne

Ils ont dit qu’on vivait plus vieux Qu’il nous faudrait faire nos adieux

A la retraite

Et quand Borne me parle à moi Je donnerai n’importe quoi Pour la faire taire

Elle venait d’avoir 60 ans

Et la retraite évidemment C’est méritoire

Et la pension de réversion Quelques trimestres pour les rej’tons

Pas dérisoires

Macron m’a dit c’est bien fini

Ne t’inquiète pas j’m’arrête pas là Ça va t’vénère

J’vais encore un peu tout casser L’école, les salaires, la santé

Les fonctionnaires

Elle venait d’avoir 60 ans

Elle était née d’un autre temps Après la guerre

A c’t’époque le progrès social

C’était pour tous un idéal Pas une chimère

Alors Macron tu vas partir Prendre tes ministres et pas rev’nir Car ça s’emballe

On te dit qu’on veut plus de toi De ta politique à la noix

On crève la dalle

Ils ont dit qu’on vivait plus vieux Qu’il nous faudrait faire nos adieux

A la retraite

T’avais oublié simplement

Qu’on n’écoute pas c’gouvernement

Prise de parole de la FSU33 , manifestation du 31 Janvier 2023

Ce gouvernement devrait faire attention, car plus il s’obstine, plus on est en grève, plus on manifeste.

Et plus la mobilisation dure, plus nous décortiquons son projet loi, plus nous sommes contre.

Le nombre de personnes contre ce projet est passé de 60 % début janvier à plus de 72 % aujourd’hui.

Et plus dangereux peut être pour le pouvoir on se parle, on se reparle,  de nos salaires, de la vie chère, de nos conditions de travail, des services publics saccagés,

Ce gouvernement devrait faire attention car dans cette mobilisation tout ressort :

  • Le souvenir pour les premiers de cordées et les premières de corvées d’avoir tenu bon au plus fort de la crise et la colère d’avoir reçu en retour des clopinettes
  • Nos salaires qui n’augmentent pas, les nos fins de mois de plus en plus difficiles
  • Les femmes toujours moins payées, plus précarisées, moins pensionnées
  • les 42 milliardaires en France qui ont vu leur fortune multipliée par 4 en 10 ans
  • Ce gouvernement qui laisse mourir les services publics, l’hôpital et l’école alors qu’il dépense un pognon de dingue pour le bien être des entreprises qui ne créent pas d’emploi
  • Nos métiers qui sont devenus de plus en plus durs, de plus en plus dense, nos rythmes de vie de plus en plus malmenés

Tout cela est d’une violence terrible.

Ce gouvernement devrait faire attention quand il nous prend pour des imbéciles qui sont incapables de calculer que 1200 euros brut de retraite minimum, c’est 936 net donc bien en dessous du seuil de pauvreté qui est à 1100 euros, et que nous ne sommes pas dupe cette mesure ne concernera que 48 personnes sur 2,5 millions de salariés.

« Le report à 64 ans de l’âge de départ à la retraite n’est pas négociable »Nous dit Elisabeth Borne. Ces propos dans la bouche d’une première ministre sont une insulte.Une ministre qui ne veut pas négocier, qui ne voit pas les millions de manifestant.es, qui ignore que 90 % des salariés sont contre cette réforme qui ferme les yeux sur la pétition intersyndicale qui approche du million de signataires doit céder sa place.

Elisabeth Borne devrait se souvenir d’un autre premier Ministre, que nous connaissions bien à Bordeaux en 1995. La rue, la grève, les blocages l’ont obligé à retirer son projet et à démissionner

Ce gouvernement devrait faire attention, car aujourd’hui dans notre lutte pour autre réforme des retraites nous posons les jalons d’une autre société : plus juste, plus équitable, plus bienveillante, plus solidaire.

Et quand on est unis et si nombreux et nombreuses, ça devient possible.
Ensemble on continue, ensemble on va gagner
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retraite

Témoignage de Lucie : Que faire quand on vit dans une petite ville ….

Que faire quand on vit dans une petite ville ou rien n’est structuré syndicalement, une petite ville où la plupart des habitant-es méprisent à vrai dire le syndicalisme, ou du moins ce mot derrière lequel personne ne met vraiment de sens, sauf des militant-es qui ont la chance d’y être accueillis, choyés, formés ?

Il faut discuter avec deux trois personnes, qui discuteront chacune avec deux ou trois personnes, il faut partir du vécu et des aspirations de chacun-e, parler de l’avenir des enfants et des petits enfants, détourner la main qui pointe l’étranger-e pour cibler la véritable cause des malheurs quotidiens.

On était une dizaine de profs, AESH et agent-es d’entretien au CDI de mon collège et on s’est fixé le but suivant : convaincre les collègues, convaincre notre entourage de l’injustice de cette réforme et leur demander de faire de même à leur tour. Nous étions ensuite, parce qu’on s’était fixés de venir avec une ou deux personnes chacun-es une grosse vingtaine autour d’une table, dans une salle d’un pôle associatif qui n’avait pas vu une telle assemblée depuis 2002 : un militant cgtiste qui a vu sa section disparaître à la fermeture de l’usine dans les années 80, un militant LFI bavard, des profs mobilisés en 2003 et en 2019 et qui sentaient qu’une revanche devait être prise, des militant-es FSU et CGT (dont un camarade d’enedis baraqué et timide), des collègues profs non-syndiqué-es qui ne sont pas challandais, certain-es venu-es avec leurs enfants. Donc, ni une réunion intersyndicale, ni vraiment une interpro. On s’est fixé un but : faire grossir encore la manif du 31 et faire, en plus de la grosse manif de La Roche sur Yon, sa petite sœur à Challans parce que des collègues agents, AESH nous avaient dit que grève + essence c’était trop, et des collègues ont dit qu’ils voulaient faire une manif avec leurs enfants après l’école sans prendre la bagnole.

C’était la première fois pour des collègues qu’ils iraient distribuer des tracts et se sentir utiles et motivés par la relative bienveillance des gens (un “vous n’avez rien d’autres à faire ?” et deux ou trois mines renfrognées nous ont fait rire autour d’un café).

La recette qui aura fonctionné à Challans (car nous fûmes 1000 et cela ne s’était pas vu depuis… jamais à vrai dire, et, croisant des visages connus mais jamais venus sur La Roche, on se dit “mais c’est bien sûr, lui, elle, se sont des allié-es qui n’attendaient qu’un geste, une idée, une initiative…”) :

– de la convivialité,

– des objectifs clairs et simples qui reposent sur des constats et des besoins,

– oublier en tant que syndiqués notre amertume quand ses camarades ne se syndiquent pas… Et ils finissent par le faire à vrai dire, sans qu’on leur tienne la main pour tenir le stylo.

– oublier la peur de la prise de parole qui déborderait, du mec bourré qui viendra donner des points de vue non pas hors mandats mais hors de tout, oublier la peur du peuple et que nous avons, à notre corps défendant, parfois… Si si.

– le droit de faire des erreurs,

Ensuite seulement viendra la structuration, la construction de cercles aux différentes sensibilités, et reviendront les possibilités de s’écharper entre orgas syndicales. Il semble que nous oublions parfois que c’est la lutte qui fait les syndicats et pas le syndicat qui fait la lutte, même si sans l’impulsion qui vient des directions, rien n’est possible.

Il y a une énorme manne de gens qu’on ne touche pas encore et qu’il faut aller chercher dans les usines, dans les magasins, dans les ateliers, et la CGT et la CFDT (qui n’est pas très partie prenante à Challans pour l’instant) ont besoin de militant-es FSU aussi pour cela.

Je pense que beaucoup d’entre nous ont vécu cela dans les petites villes, et que la colère des gens est telle que tout est inflammable et, même s’il ne faut pas faire feu de tout bois, il nous faut faire se rencontrer les gens, faire se reparler les gens, comme je l’ai lu dans le super texte de la FSU 33 qui va inspirer une lecture à plusieurs voix de femmes le 7 février sur le parvis de la mairie de Challans.

Et pour finir, et ça c’est le texte d’Annie Ernaux qui m’y a fait penser, il nous faut lire en assemblée de la poésie, et il faut qu’on s’empare de tous les outils donnés par l’éducation populaire aussi.

Extrait de La Rose et le Réséda d’Aragon

… Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au cœur du commun combat…

Bon courage à toutes et tous.