- intervention école émancipée par Marie Haye au CDFN de la FSU mai 2023 –
Le 17 avril, Macron donnait le coup d’envoi des « 100 jours d’apaisement ». Traduisons cette Novlangue digne d’Orwell : pour accélérer les réformes, c’est-à-dire les régressions, la Macronie surfe sur la crise sociale, politique et démocratique qu’elle a elle-même ouverte avec la réforme des retraites. L’école publique est l’une des cibles privilégiées de cette offensive :
– assaut contre nos statuts et contractualisation pour plus de contrôle et de pressions hiérarchiques avec le PACTE ;
– suppression de la technologie en 6e pour financer un dispositif qui accentuera la ségrégation scolaire ;
– soumission toujours plus grande et précoce au patronat par la découverte des métiers en 5e et la casse des lycées professionnels, avec l’employabilité comme horizon pour les enfants des milieux populaires ;
– recul de l’adaptation scolaire et de la prise ne charge de la grande difficulté scolaire avec la suppression continue des postes en RASED et la baisse des moyens de SEGPA ;
– limitation de la spécificité de l’aide aux enfants en situation de handicap en même temps qu’un grand bond en arrière dans la reconnaissance professionnelle du métier d’AESH ;
– généralisation du Service National Universel à grands coups d’autonomie des établissements et de briques de PACTE ;
– signature d’un protocole mixité sociale qui facilite l’octroi de subventions publiques à l’enseignement privé et lui assure de pouvoir garder la main sur la sélection de ses élèves.
La haute intensité de ces attaques et leur multiplicité ne doivent pas nous faire perdre de vue leur cohérence : celle de l’agenda libéral. L’école est assumée comme le lieu d’une répartition inégalitaire des savoirs et des capitaux scolaires. Une école du tri social pour faire entrer la jeunesse dans le rang des dominations capitalistes. Une vision de l’école et du monde totalement anachronique face aux défis climatiques, économiques et démocratiques qui nous attendent.
Nous devons mener un travail de conviction sur les mécanismes d’exacerbation des inégalités scolaires dans un monde inégalitaire, avec la période de vote du budget en ligne de mire, pour une réelle revalorisation et plus de moyens. Cette campagne d’opinion doit articuler mobilisation sur le terrain, ultimatum et journées de grève, interpellation des parlementaires…
La cohérence de ces attaques impose aussi de penser la riposte de façon collective. La FSU doit faire des ponts entre 1er, 2nd degré et enseignement supérieur, entre enseignement général et professionnel, tisser des liens avec les parents, sur des revendications principielles et unifiantes, car ce sont les conditions de travail des personnels qui font les conditions d’étude des élèves. C’est aussi à l’échelle des écoles et établissements qu’il faut refaire du collectif, premier rempart contre le burn-out et le découragement, mais aussi outil de résistance et de préparation des nécessaires luttes à venir.