Un petit livre qui fait écho à la fois à notre article de ce numéro sur les maths et les représentations qu’on en a parfois, et qui s’inscrit aussi dans une perspective de lutte pour l’égalité femmes-hommes, thématique chère à l’EE.
Il est écrit par Catherine Vidal, neurobiologiste reconnue pour être l’auteure de plusieurs livres de vulgarisation. En partant des découvertes scientifiques les plus récentes, elle y tente de dissiper quelques clichés tenaces sur la supposée inégalité naturelle entre les capacités intellectuelles des femmes et des hommes. Dans celui-ci elle s’intéresse à la question spécifique de l’inégale représentation des femmes et des hommes dans les études de haut niveau en maths. Est-ce dû, comme certains le pensent, à des facultés innées, c’est-à-dire à des cerveaux différents suivant le sexe ?
La réponse de Vidal est clairement non. En quelques pages, elle s’attaque à un certain nombre d’hypothèses biologiques censées justifier la « moindre réussite » des filles en maths, afin de les contredire les unes après les autres. Elle s’appuie sur le concept récent de plasticité cérébrale pour montrer que la majeure partie de la construction du cerveau intervient au mo- ment de l’éducation et même tout au long de la vie, ce qui montre que les inégalités constatées ont une origine sociale et non biologique.
Si pour nombre d’entre nous, c’est donc un livre qui ne chamboulera pas nos convictions déjà acquises au principe d’égalité entre les sexes, son format court en fait plutôt une sorte d’anti-sèche, de recueil d’arguments scientifiques pour contredire les thèses essentialistes et défendre notre vision féministe, notamment à l’intérieur de nos salles des profs. On pourra regretter que certains concepts comme la plasticité du cerveau ou le lien entre construction du genre et réussite en maths n’aient pas été davantage creusés, mais c’est la limite du format, qui en fait également un livre facile à prêter pour diffuser une vision émancipatrice de la différence entre les sexes.
Raphaël Andere