Les certifications : cheval de Troie de l’EN contre lequel le SNES-FSU doit lutter

Intervention de Marc Rollin (BN, secteur Langues Vivantes, Lyon)

Le texte proposé ne propose aucun mandatement sur les certifications, qu’elles soient en langues ou numériques. Or, leur multiplication ne s’arrête plus : après celles en langues en anglais, allemand et espagnol depuis des années viennent se rajouter PIX, Evalang, les attestations au Bac, celles dans la voie pro, les certifications en anglais en BTS, etc.
En langues, Blanquer veut des pseudo évaluations objectives, de préférence conçues par des organismes marchands, afin de finir de déposséder les enseignant-es de leur pouvoir d’évaluation et de leur rôle de concepteurs-trices de sujets. Pire peut-être, le diplôme tend à être déconnecté de son rôle de certification et ce alors que, parallèlement, le contrôle continu tente de faire croire que nous sommes dans l’évaluation formative quand en fait ce sont des épreuves qui jalonnent le parcours de l’élève, dans une logique sommative. Bref, nous assistons à une confusion totale entre tous les types d’évaluation. Et ce qui est vrai pour les langues est vrai pour d’autres types de certification comme PIX.
En effet, le point commun entre PIX et Ev@alang, par exemple, c’est que les activités et l’évaluation se font en-dehors du cadre de la classe ou des activités d’enseignement-apprentissage ou d’évaluation au sein de la classe, ce qui montre non seulement la difficulté de lier certaines compétences ou certains types d’évaluation avec des pratiques quotidiennes en classe mais aussi le fait qu’elles ne sont pas uniquement pensées dans un objectif pédagogique mais à d’autres fins. D’ailleurs, sur le site d’Ev@lang, il est bien dit que l’objectif est d’évaluer les performances du système sur l’enseignement de l’anglais qui est la marotte du ministre, une langue fétiche, un globish, cet anglais du monde contemporain, qui s’oppose à la littérature, à la langue, à la culture, comme le montre le glissement de terminologie et de programmes en spécialité.
Le SNES et la FSU ne peuvent plus se taire sur ces sujets et doivent passer à l’action. Soutenir les collègues qui s’opposeraient à PIX ou Ev@lang, préparer une pétition ou une motion de CA, s’associer aux autres syndicats de la FSU et de l’éducation pour dénoncer cette dérive évaluative, qui est à la fois une « évaluationnite » aiguë, une maladie donc, mais aussi un délire de contrôle absolu de tout le processus. Or, à force de vouloir tout mesurer, non seulement on n’évalue rien mais on crée tout pour que la recherche de qualité avancée se transforme en l’inverse car combien de temps faudra-t-il attendre encore avant que les enseignant-es ne fassent plus que du “teaching to the test”, afin de faire croire que leurs élèves sont performant-es aux tests imposés ? Mais aussi pour répondre à une surcharge de travail devenue insupportable.
Les langues sont depuis des années les disciplines qui ont souvent servi de laboratoire aux dérives évaluatives en tout genre. On voit que cela continue et s’élargit à d’autres matières et champs. Osons avancer une autre évaluation qui ne se résume pas au seul retour à des épreuves terminales nationales !