Intervention d’Olivier Thiebaut (CAN, Dijon)
Les mesures managériales mises en place par le gouvernement (et préparées par les précédents) et en 1er lieu par Blanquer ne doivent rien au hasard et forment un tout cohérent. Celui-ci vise à individualiser les carrières, à accroître le contrôle hiérarchique imposant les bonnes pratiques et “la bonne innovation” et par là à casser les solidarités internes, la représentativité syndicale et donc les formes de résistance aux politiques libérales. C’est dans ce cadre qu’il faut inscrire les évaluations d’établissement, les dispositifs expérimentaux (Marseille, CLA, Territoires Éducatifs Ruraux) encourageant la contractualisation, les Projets Locaux d’Évaluation, les attaques contre la démocratie en CA, le développement des primes comme mode de “revalorisation”, la hausse du nombre de contractuel-les et la réforme des concours, les cadeaux au privé mais aussi la casse du paritarisme et la récente mise en place des POP.
Le SNES-FSU doit en faire un chantier prioritaire pour répondre à cette attaque en règle qui s’accompagne d’une répression accrue contre les représentant-es syndicaux. Pour cela, les mouvements de lutte comme ceux des enseignant-es de Chicago en 2012 peuvent servir de points d’appui. Ce mouvement victorieux a permis d’obtenir des moyens et des hausses salariales en s’opposant au départ au New Public Management (fermeture des écoles n’obtenant pas de bons résultats, salaires avec une part variable liés aux résultats des élèves, recours au privé). Il a été préparé par un développement de la représentation syndicale de terrain, des actions symboliques puis une grève de plus d’une semaine avec AG et piquets de grève. Alors que l’organisation syndicale locale s’était au départ préparée à une négociation résignée, la mobilisation à la base a fait pencher la balance et le mouvement a donc été victorieux sur les moyens, les salaires et dans une moindre mesure (au départ) sur le management. Il a rétabli le militantisme syndical et permis un nouveau mouvement majoritaire il y a deux ans.
Le SNES-FSU doit donc lancer une campagne en ce sens auprès des collègues pour faire connaître les enjeux de cette politique et les menaces à peine voilées de privatisation. Cela doit également s’appuyer sur des actions médiatiques pour porter des revendications dans cette période électorale et faire connaître les premières conséquences négatives de cette politique (explosion du nombre de démissions par exemple). Cela peut permettre également d’appuyer la revendication du rétablissement du paritarisme. Enfin, cela permettra à terme de mettre en place le mouvement d’actions dont nous avons besoin.