Samedi 11 juin, à Bagneux, les Etats généraux du service public (EGSP) ont tenu leur seconde initiative. Après Orly et l’adoption du pacte (cf. le n°27 de la revue, janvier 2011, page 35),
ce fut l’occasion de faire se rencontrer des représentants de collectivités territoriales,
des citoyens de Bagneux et des militants des EGSP.
La réforme des collectivités territoriales (CT), par les contraintes des financements (suppression de la taxe professionnelle), par la suppression de la clause générale de compétence, par les restructurations territoriales, entend obliger les collectivités territoriales à réduire leur train de vie c’est-à-dire les services rendus à la population. Double victoire, l’une économique, l’autre politique puisque ce seront les collectivités qui porteront la responsabilité des régressions. Ce que d’aucuns appellent le désengagement de l’État et qui est en réalité sa transformation (notamment par les préfets) en pilote hyperactif et dirigiste de la marchandisation des services et des hommes, se heurte non seulement aux mobilisations mais aussi à la résistance, volontaire ou non, des collectivités territoriales.
Les usagers, les associations, et parfois même les services publics « nationaux » se retournent de plus en plus, faute de mieux, vers les services publics locaux. Face à cette situation, contrecoup bénéfique d’une politique néfaste, de plus en plus de CT se tournent enfin vers leurs concitoyens. Car c’est bien par la mobilisation au plus près des usagers que nous gagnerons cette bataille. On le voit sur le terrain de la santé, avec les nombreuses, et souvent momentanément victorieuses, mobilisations contre les fermetures de services de chirurgie ou de maternité (hôpital Mondor, St-Afrique pour les derniers) ; sur celui de l’éducation avec les occupations d’école contre les fermetures de classe, sur les crèches avec le mouvement « pas de bébés à la consigne ». On l’a vu lors de la votation citoyenne contre la privatisation de la Poste… Et on le voit avec les nombreuses initiatives pour le retour en régie de l’Eau, la gratuité des transports, etc.
Comme Bagneux et son festival « Hop ! » du 2 avril au 18 juin, de nombreuses collectivités travaillent à mobiliser intelligemment leur population. A la sensibiliser sur les SP existants, sur leur fonctionnement, à les interroger et les associer à leur orientation. Gennevilliers, Aubagne, le conseil général du Val de marne, la ville de Valenton, le conseil général des Landes, la région PACA, les Lacs d’Essonne… ont présenté et débattu de leurs initiatives.
Quatre forums sur l’eau et l’énergie, la santé, les transports et l’école ont permis d’échanger, de confronter, de proposer sur chacune de ces missions. Si la participation ne fut pas à la hauteur espérée (samedi de Pentecôte oblige !), chacun y a trouvé son compte.
(re)prendre l’offensive ?
Le service public dans les territoires, face à la RGPP, à la réforme des collectivités, au Pacte Euro+… Comment (re)prendre l’offensive ? La table ronde, tenue sous cette (vaste) appellation, a permis ensuite de débattre du contexte – sur le thème France, Europe, collectivités territoriales – et surtout de ce qui est possible. Car si les attaques sont massives et nombreuses, les réactions et les initiatives, elles aussi, foisonnent. La question essentielle est bien celle de les « coaguler » pour qu’un véritable mouvement d’ensemble, respectant la diversité et la richesse des initiatives locales, prenne vie et donne sens à cette bataille. Cela d’autant que chacun a souligné l’importance, non pas seulement de changer de gouvernement mais de rompre réellement avec les politiques suivies et de remettre au cœur des débats citoyens, au cœur des mobilisations le service public que nous voulons et dont nous avons besoin.
Les six mois qui vont suivre la rentrée de septembre seront sans nul doute des moments décisifs de débats et d’interpellation. L’éducation a déjà annoncé une grève le 27 septembre, dans la suite du 2 avril ; le mouvement national initié par la coordination des hôpitaux et maternité de proximité se retrouve le 2 juillet pour préparer une initiative au moment du vote du financement de la sécurité sociale ; le contre forum mondial de l’eau se prépare activement pour mars 2012 ; localement les collectifs locaux se mobilisent sur tel ou tel service public…
Le G20 comme la campagne présidentielle sont deux moments privilégiés qu’il nous faut investir pour imposer la question du service public dans le débat citoyen. Les EGSP, avec tous ses partenaires, entendent bien y contribuer. Le samedi 1er octobre sera le rendez-vous national de tous les représentants des collectifs locaux pour se mettre en ordre de marche et prendre les décisions qui s’imposent. ●
Jean-Michel Drevon